♥♥♥ Après plusieurs revers de la médecine traditionnelle et en dépit des préjugés de son époque, Marie Cardinal a recours à la psychanalyse plutôt qu’à la chirurgie. Au fond d’une sombre impasse pavée, elle se rend chez son psychanalyste trois fois par semaine. Au fil des mois, la trentenaire plonge dans les méandres de son passé et de ses souvenirs les plus intimes. Elle y fait revivre les personnages qui jadis ont peuplé son enfance abîmée : ses parents, son frère, la gouvernante, le marchand d’habits, etc. Certains fantômes du passé ont la vie dure…
Jade Lanza nous propose une adaptation théâtrale aussi touchante que bien rythmée du best-seller autobiographique de Marie Cardinal. On se laisse emporter volontiers par ce récit poignant et plein d’espoir. Quant à son interprétation du rôle de l’auteur, elle est particulièrement remarquable aux différents âges de sa jeune vie. Surtout, elle donne avec brio une voix et un corps à son inconscient. A ses côtés, Françoise Armelle joue avec maestria sa mère revêche, croyante et si riches en contradictions. L’une et l’autre font preuve d’une sensibilité à fleur de peau, opposants les mots aux maux du corps. Elles sont si bouleversantes que nul ne peut rester indifférent à leurs différents.
La mise en scène de Frédéric Souterelle est sobre, dynamique et drôle sur un plateau judicieusement partagé en trois unités de lieux (cabinet du psychanalyste, lieu de vie de Marie, foyer de sa mère).
Le tout : un spectacle d’une rare intensité dont il est impossible de sortir indemne ; une invitation à se (re)plonger dans l’ouvrage de Marie Cardinal ; une exhortation pour convier son entourage, féminin et masculin, d’aller sans tarder découvrir cette petite merveille théâtrale. ♦
Le regard d’Isabelle
Théâtre L’Archipel, 17 boulevard de Strasbourg – 75010 Paris (Métro : Strasbourg Saint-Denis)
Du jeudi au samedi à 19h30 (salle Rouge).
Durée : 1h15
Crédit photos : Philippe Escalier
COUP DE THÉÂTRE 