♥♥♥♥ 1972 : Gisèle Halimi, avocate, féministe et femme politique franco-tunisienne. A Bobigny, elle défend l’avortement et dénonce une loi obsolète empêchant les femmes de disposer librement de leur corps.
- 1976 : Paul Lombard, une légende du barreau, s’attaque à la peine de mort en voulant l’éviter à Christian Ranucci, accusé du meurtre d’une enfant.
- 1997 : à Bordeaux, le procès de Maurice Papon revisite les heures sombres de l’Histoire de France. Alors qu’il est poursuivi pour crime contre l’humanité, ses avocats réussissent à le faire acquitter pour toutes les charges de « complicité d’assassinat » et des « tentatives de complicité d’assassinat ».
- 2006 : Jean-Pierre Mignard, avocat essayiste et homme politique, défend les familles de Zyed Benna et Bouna Traoré, les deux adolescents électrocutés en 2005 dans un poste électrique à Clichy-sous-Bois en tentant d’échapper à un contrôle de police.
- La même année : Henri Leclerc défend Véronique Courjault dans l’affaire des bébés congelés et lève le tabou du déni de grossesse en déclamant « Cette mère n’est pas un monstre ».
Cinq grandes dates de l’histoire judiciaire française. Plusieurs de ces affaires serviront de prémices en contribuant à modifier notre législation (l’abolition de la peine de mort ou la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse par exemple).
Grâce au précieux travail de reconstitution de Matthieu Aron des temps forts de ces procès – la loi Française interdisant formellement de filmer, photographier ou d’enregistrer les procès d’Assises – Richard Berry incarne magistralement ces légendes du barreau qui ont marqué l’histoire de la justice de ces quarante dernières années.
Éric Théobald, dans une mise en scène sobre et efficace, nous fait pénétrer dans la salle d’audience. Spectateur, nous nous retrouvons en quelques instants dans la peau des jurés. Et l’on écoute ces plaidoiries, toujours un moment déterminant lors de chaque procès, absolument fasciné par l’éloquence, l’argumentation, la nécessité de réflexion pour juger loin des tensions médiatiques… et surtout la force de conviction de convaincre une audience. « Je vous demande l’impossible » peut-on lire en sous-titre sur l’affiche du spectacle. L’impossible est atteint par Richard Berry : nous ne sommes plus au théâtre mais au prétoire.
Si ces ténors du barreau n’ont pas toujours obtenu l’acquittement, le public du Théâtre Antoine applaudi à tout rompre devant tant de talent. Le tout est audacieux, palpitant, remarquable, etc. Bref : un pur bonheur théâtral. Y courir est le devoir de tout citoyen pour découvrir la défense d’un accusé en Cour d’Assises et surtout l’immense pouvoir des mots, bien en peine à notre époque.♦
Le regard d’Isabelle
Théâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris – Métro : Strasbourg-Saint-Denis
Jusqu’au 17 novembre 2018, du mercredi au samedi à 19h00.
Durée : 1h15