Un titre énigmatique pour un spectacle qui ne ressemble à aucun autre et qui restera quelque part dans un coin de ma mémoire -à l’instar de l’inoubliable Celui qui tombe de la compagnie Yoann Bourgeois !
A notre arrivée, plongée dans un univers circassien bohème et foutrac : matelas mousse de fortune, sacs de sable, planches et tréteaux, radio cassettes d’une autre époque, quelques micros, un violon. Et sept grosses cordes, blanches, lisses, vertigineuses suspendues à 18 mètres de hauteur. En attendant que les derniers spectateurs s’installent, un homme se prépare tranquillement à les défier, un acrobate à la corde, au regard bleu acier qui plante son regard dans les yeux des spectateurs installés à deux mètres de lui. Alors une fois le silence installé, prenant son temps, il s’élève une première fois dans les airs tout en force et en précision. Mais la corde se rompra. Il chutera lourdement sur le matelas de mousse, se relèvera, et montera de nouveau. Méthodiquement, sans mot dire, bravant la peur du vide, défiant les lois de l’apesanteur, il multipliera les tentatives inlassablement, se hissant toujours plus haut -faisant des éléments architecturaux du Montfort théâtre un terrain de jeu inattendu- tombera et remontera encore pour ne plus jamais s’arrêter jusqu’à un final formidable qui révèlera toute la portée philosophique de ce spectacle saisissant ! « Le Vide – Essai de Cirque » co-écrit par Fragan Gehlker, Alexis Auffray et Maroussia Diaz Verbèke, revisite « Le Mythe de Sisyphe » écrit par Albert Camus en 1942 pour qui la vie, éternel recommencement des choses confinant à l’absurde, n’a de sens que dans l’accomplissement des tâches et non dans leur signification.
Monté dix‑neuf fois depuis sa création en 2009, sans cesse adapté aux lieux qui l’accueillent « Le Vide – Essai de Cirque » est un spectacle profond, intense, aussi vertigineux que poétique, qui avait déjà fait salle comble en 2014 avant de partir en tournée en France et à l’international pendant 1 an. On ne peut qu’être saisi et admiratif par l’originalité d’un spectacle qui allie performance visuelle et puissance dramatique. Le final est une merveille et conclut superbement la vocation du spectacle. Un conseil : replongez-vous dans « Le Mythe de Sisyphe » avant d’aller voir le spectacle, vous n’en serez que plus séduit et …si vous êtes sensible au vertige, abstenez-vous. Certaines séquences sont impressionnantes.
Signé Elisabeth
Montfort Théâtre, 106 rue Brancion, 75015 Paris
Jusqu’au 21 mai 2016
Durée : 1 heure

Crédit : Perrine Cado / Le Montfort
Le spectacle rentre d’une tournée internationale…Ils sont peut-être passés à Londres…
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Il y a vraiment une offre très large de spectacles à Paris. Ici à Oxford et même à Londres les comédies musicales dominent malheureusement.
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