Salle comble mercredi dernier au théâtre Essaïon (dont beaucoup de lycéens à l’approche du bac français j’imagine !) pour applaudir « Racine par la racine » qui enchaîne sa 4ème saison après avoir triomphé au OFF d’Avignon l’année dernière. Le spectacle a été écrit et mis en scène par Serge Bourhis, le directeur de la compagnie Alcandre, qui a signé entre autre Molieratus.
L’affiche annonce la couleur : « les onze tragédies de Jean Racine telles que vous ne les avez jamais vues« . Objectif : dé-dra-ma-ti-ser la tragédie racinienne et « amener le public à voir du classique à travers une comédie drôle, dynamique, joyeuse, impertinente tout en respectant l’œuvre » comme le souligne Serge Bourhis. Et assurément, pari tenu : ce spectacle facétieux, bourré d’humour et de créativité est une vraie réussite ! Pendant 1 heure, le répertoire racinien est revisité à travers 11 tableaux tous plus originaux et décalés les uns que les autres. Un peu à la manière de (ceux qui ont fait de l’impro me comprendront !), Athalie devient un film d’horreur, Iphigénie se transforme en film muet, Britannicus est « pitché »par Jean Racine sur un plateau télé en 1669,… On rit, on redécouvre, on démonte la mécanique ! Tout est fort bien réalisé et s’enchaîne à un rythme soutenu qui ne laisse pas le temps de s’ennuyer une seconde. D’autant plus que Serge Bourhis a choisi de construire sa mise en scène en tenant toujours le public dans la confidence grâce aux apartés des comédiens. Fort bien vu ! Amoureux des textes raciniens, vous ne serez pas en reste car le dernier tableau dédié à Phèdre offre à l’un des comédiens de la compagnie, Alberto Lombardo, l’opportunité de donner une superbe interprétation de la célébrissime tirade d’aveu (« je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue …un trouble s’éleva dans mon âme éperdue»), que j’ai personnellement trouvée fort bien exécutée. Racine restera toujours Racine. Néophyte ou connaisseur, vous serez séduit pas cette pièce au rythme diaboliquement efficace, servi par un casting impeccable, et soucieuse de délivrer au passage quelques faits historiques sur la vie de Racine (rivalité avec Pierre Corneille, son mépris pour Molière,..).
J’ai eu le plaisir d’échanger quelques mots avec Serge Bourhis juste avant le spectacle. Le rendez-vous est pris pour un prochain « Café avec… ». En attendant, il nous parle de « Racine par la racine » dans cette mini interview.
Le point de vue d’Elisabeth
ESSAION THÉÂTRE • 6 rue Pierre au lard, 75004 Paris
Jusqu’au 19 juillet 2014