
♥♥♥ Issus du recueil Le Cœur populaire paru en 1913, les soliloques du Rossignol à la langue pourrie de Jehan-Rictus, de son vrai nom Gabriel Randon, sont un manifeste en faveur des petites gens, des besogneux et des malfrats des faubourgs populaires de Paris du début du XXe siècle, tous les oubliés de la vie que nul ne veut voir ni même entendre parce qu’ils ont une vie chaotique et un langage bien à eux. Six portraits bruts et authentiques en sont extraits ; ils sont entrecoupés de brefs intermèdes musicaux pour apporter un brin de douceur.
Les personnages de Jehan-Rictus sont d’une vérité bouleversante. Les mots claquent comme des coups de semelle sur le pavé, les formules argotiques s’entrechoquent comme les dents des miséreux condamnés au grand vent. L’émotion rythmée de ses octosyllabes (plus proche au parler de tous les jours que les alexandrins) comme la simplicité apparente de son langage établissent une singulière communication entre le poète et le public, qu’il soit féru de poésie ou pas.
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