LE VILLAGE DE L’ALLEMAND – THÉÂTRE DES GÉMEAUX PARISIENS

♥♥♥(♥) Rachel (contraction de Rachid et Helmut) et Malrich (Malek/Ulrich) sont deux frères nés d’un père allemand et d’une mère algérienne dans un village d’Algérie, Aïn Deb, près de Sétif. Ils sont envoyés très jeunes vivre en banlieue parisienne chez leur oncle Ali et son épouse. Tandis que l’aîné réussit brillamment ses études, le cadet erre au milieu des jeunes de la cité. Après le suicide de Rachel, Malrich se plonge dans le journal intime tenu par son frère pendant deux ans. Il y découvre des secrets de famille terribles liés au passé nazi de leur père, ancien officier SS réfugié en Algérie après la Seconde Guerre mondiale.

Inspiré d’une histoire vraie, Le Village de l’Allemand ou Le Journal des frères Schiller de Boualem Sansal (Editions Gallimard) propose une réflexion véhémente autour des liens de la filiation, le combat contre l’oubli et le négationnisme. Une parole nécessaire – hier, aujourd’hui, demain – à lire ou à entendre sur la scène des Gémeaux Parisiens.

L’adaptation scénique de Luca Franceschi est remarquable. Sa mise en scène est à la fois sobre et fluide. Un meuble ou un accessoire, et changement à vue de lieu – le salon de Malrich, le pied d’une barre d’immeuble de la cité, un commissariat, un cimetière, un camp de concentration… –ou de pays – Algérie, France, Allemagne… Un vêtement endossé ou un voile enroulé, changement à vue de personnages. Étonnant de simplicité et très efficace. Aucun temps mort, le déroulé de l’intrigue en aurait souffert. Quant à l’interprétation par la compagnie Les Asphodèles du colibri, elle est d’un bout à l’autre impressionnante de justesse. Le jeu des comédiens transmet la tension née de la quête de la vérité des deux frères, celle qui peut faire mal, celle qui peut détruire les liens les plus forts, celle qu’il faut connaître pour mieux se reconstruire. « Ma propre humanité est en jeu. »

Qui que l’on soit, on sort bousculé dans son for intérieur. Le Village de l’Allemand ou Le journal des frères Schiller est une bouleversante tragédie sur l’histoire et la transmission, l’héritage coupable des actes de ses parents, la radicalisation… Le tout est émouvant, sensible, poignant, captivant. Le Village de l’Allemand mériterait amplement mes 5 cœurs (alors que je peux en attribuer 4 au maximum).

Le regard d’Isabelle

LE VILLAGE DE L’ALLEMAND

Théâtre des Gémeaux Parisiens – 20, rue du Retrait – 75020 Paris
Du 17 septembre 2025 au 26 octobre 2025 (sauf les mercredis 8 et 15 octobre 2025), du mercredi au samedi à 21 h​, dimanche à 15 h
Durée : 1 h 25
Théâtre contemporain
À partir de 14 ans

Crédits Photo : Arnaud-Emmanuel Veron

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