
♥♥♥ L’histoire de la famille Joad, lors de la Grande Dépression des années 1930, aux États-Unis, nous transporte sur la route 66, entre espoir et misère, générosité et mesquinerie.
Selon Xavier Simonin, metteur en scène et conteur, « Raconter notre époque, envisager l’avenir, se fait bien souvent en regardant le passé plus ou moins proche. Des enjeux de rareté de l’eau, de migrations, de lutte économique et de paupérisation de certains au profit d’autres se précisent chaque jour un peu davantage, au Nord comme au Sud. Parlons de sujets graves avec la lumière nécessaire pour y voir plus clair. C’est ce que proposais Steinbeck pour illuminer son temps… […] Notre lumière sera la musique offrant la faculté d’éclairer la tragique histoire des Joad et de nous transporter par des voies sensibles tout au long de la route 66. »
Comme le confirme Jacques Milteau, directeur musical, « Au-delà du texte, la puissance de Steinbeck est dans l’image de l’itinérance que nous transposons naturellement dans notre environnement. La musique est un décor sonore qui aide à retrouver le contexte original. Les sonorités issues notamment de la musique de Woody Guthrie, sont parvenues jusqu’à nous par le truchement de Bob Dylan ou de Bruce Springsteen… Elle est un auxiliaire précieux de l’imaginaire, le véhicule sensoriel de l’exode des Joad. »
Entre musique et narration, langue américaine et française, la mise en scène de Xavier Simonin magnifie Les Raisins de la colère de John Steinbeck. Son interprétation d’une multitude de personnages est époustouflante de vérité, de sincérité, de justesse. Trois excellents musiciens – Claire Nivard, Stephen Harrison et Glenn Arzel ou Manu Bertrand – l’accompagnent vers ce nouvel horizon. Grâce aux mots et aux chants, chacun imagine les personnages rencontrés avec leurs émotions et leurs douleurs, les décors des paysages traversés et au bout du chemin, la terre d’exil dans leur propre pays avec les regrets et les doutes.
Si les talents de conteur de Xavier Simonin, entre rires et larmes, sont magistraux, plus d’interactions du comédien avec les musiciens auraient été appréciés. Néanmoins, voilà une belle adaptation pour la scène qui vous donne l’envie de vous (re)plonger dans la lecture du roman de Les Raisins de la colère de Steinbeck pour prolonger le plaisir.
Le regard d’Isabelle
Le Lucernaire
53, rue Notre-Dame-des-Champs – 75006 Paris
Du 19 novembre 2025 au 8 février 2026
Durée : 1 h 30




Crédits photo : Laurencine Lot