♥♥♥♥ 1870. Paul Durand-Ruel, marchand de tableaux réfugié à Londres, rencontre Claude Monet. De retour à Paris, ce dernier lui présente Renoir, Degas, Pissarro… de jeunes peintres dont il perçoit aussitôt le génie et la modernité. Enthousiasmé par le talent de ces artistes, considérés comme des parias et qu’on ne qualifie pas encore d’impressionnistes, il achète sans compter, au plus grand désespoir de sa femme, jusqu’à ce que les huissiers frappent à sa porte. Derrière chaque grand homme se cache une femme. Madame Durand-Ruel, séductrice et espiègle, est prête à tout pour sauver sa famille du désastre et aider son mari à vendre coûte que coûte. Les Collectionnistes ou la révolution du marché de l’art aux débuts de l’impressionnisme.

Que seraient devenus les artistes de ce mouvement, Renoir, Monet, Degas, Boudin ou encore Caillebotte, sans le soutien financier indéfectible de Paul Durand-Ruel ? Pas de reconnaissance, ni des professionnels ni du grand public. Pas de musée d’Orsay pour rendre hommage à leurs œuvres. Pas d’expositions permanentes ou temporaires retraçant leurs parcours. Pas de couleurs et de réinterprétation artistique de dame Nature dans l’art pictural. L’action passionnée de Paul Durand-Ruel, marchand d’art de métier, de père en fils, qui a œuvré pour leur reconnaissance par leurs pairs, est méconnue du grand public comme les difficultés pécuniaires quotidiennes de ces peintres maudits.

L’écriture acérée et humoristique de François Barluet vient combler ces lacunes. Les Collectionnistes content leur ascension vers la reconnaissance : leur combat avec les organisateurs des expositions officielles qui les refusent, aux collectionneurs pour les convaincre d’investir sur leur réussite et les journalistes qui les étripent, eux et leurs toiles, dans leurs feuillets. Que l’on soit un passionné de l’art, habitué à fouler les expositions et à traîner dans les musées ou non, Les Collectionnistes permettent de pénétrer par un peu bout de la lorgnette le monde fermé de l’art. Et on en apprend de belles, et surtout on en rit ! Quoi de mieux que de s’instruire en se distrayant ? S’ajoute à la plume subtile de l’auteur le choix d’un thème original, des comédiens d’une excellence rare (Christelle Reboul, Christophe de Mareuil, Frédéric Imberty, Victor Bourigault), le décor d’un salon du XIX^e siècle et des costumes d’une grande justesse, la projection des toiles des maîtres en devenir fort ingénieuse. Quant à la mise en scène de Christophe Lidon, elle est percutante et pétillante. Le tout est riche en rebondissements et éclats de rire. En somme, Les Collectionnistes est un spectacle à ne surtout pas manquer, que l’on apprécie ou non l’impressionnisme.

Le regard d’Isabelle

LES COLLECTIONNISTES

Théâtre du Petit-Montparnasse
31, rue de la Gaité – 75014 Paris
Jusqu’au 14 juin 2025

Théâtre des Gémeaux – Salle du Dôme
10, rue du Vieux-Sextier – Avignon
Du 5 au 26 juillet 2025 – Relâche les 9, 16, 23 juillet – 16 h 20  

Tout public à partir de 10 ans
Durée 1 h 20