UN FAUNE AU CRÉPUSCULE – RÈGLEMENT DE COMPTE CONJUGAL CHEZ LES CHATEAUBRIAND –STUDIO HÉBERTOT

♥♥♥ 1828. Paris, rue du Bac. Dans leur appartement, Céleste attend que son célèbre époux, François-René de Chateaubriand, veuille bien enfin rentrer au foyer comme tous les soirs d’une quelconque mondanité. Elle a reçu une lettre de la maîtresse en titre de celui-ci, madame Récamier : elle lui apprend que son mari n’a pas passé la soirée avec elle. Avec qui peut-il être ? Cela la rend d’autant plus perplexe qu’elle a une nouvelle d’importance à lui annoncer : elle a décidé de quitter le domicile conjugal, ne supportant plus son état d’épouse trompée et recluse. Chateaubriand rentre enfin et, respectant leur rituel quotidien, il vient souhaiter bonne nuit à son épouse. Il a lui aussi une nouvelle d’importance à lui annoncer : après des mois de « mise au placard », il vient d’être nommé ambassadeur de France à Rome et a bien l’intention de partir en Italie sans elle. La nuit promet au vieux couple un huis-clos tendu qui va très rondement se transformer en duel verbal riche en vives répliques ravageuses et coups bas.

« Après avoir connu une jeunesse mouvementée, l’exil, la misère et la gloire littéraire… après avoir subi les hauts et les bas d’une vie politique agitée, souvent en but à l’ingratitude des puissants… étant un incurable amoureux, instable, et passionné, vivant sur le tard une idylle avec une très jeune femme… se retrouve confronté à sa femme. L’ayant épousé pour sa dot, l’ayant toujours écartée de sa vie officielle, n’ayant jamais cherché à la connaître, mais revenant cependant toujours auprès d’elle, il finit ses jours en sa compagnie dans un appartement de la rue du Bac, à Paris, dans une indifférence quasi générale. […] Il n’en reste pas moins plein d’ambition, tant sur le plan politique que sur le plan sentimental, se maintenant dans un déni de la réalité. […] – Oui, je suis un vieil homme qui aime une presque enfant parce que ça me fait du bien, parce que ça me fait oublier que ma vie est pratiquement derrière. » Mais Céleste est une femme qui s’est mariée par amour et n’a plus envie d’être délaissée par son volage de mari.  

Dans une sobre mise en scène de l’auteur Marc Delaruelle et de beaux costumes d’Anne Ruault, Claude Mailhon et Patrice Ricci, dans un ton juste et enlevé, se lancent dans une bataille maritale pleine d’esprit. Paroles revêches contre réponses acerbes pendant une heure quinze. Sans répit. Sans abord d’une autre thématique. Longueurs et redondances en résultent. Il nous semble dommageable pour le cours de l’intrigue que le propos se focalise quasi uniquement sur les griefs du couple, effleurant pudiquement ce que révèle dans le détail le dossier de presse. Si le spectateur s’attend de découvrir Chateaubriand dans son intimité à la lecture du pitch, il espère que l’auteur abordera bien plus que ses frasques amoureuses, ses carrières littéraire et politique par exemple. Il nous donne à découvrir la vie désordonnée d’un homme lambda et non celle de l’écrivain.

« Un faune au crépuscule », comme le sous-titre le mentionne, est un règlement de compte conjugal chez les Chateaubriand.

Le regard d’Isabelle

Studio Hébertot

78 bis Boulevard des Batignolles – 75017 Paris

Du 3 septembre au 30 octobre 2024, le mardi à 21h, le mercredi à 19h

Durée : 1h15



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