♥♥ « Lorsque ma mère entre en salle d’accouchement et commence le travail, il reste dix-neuf minutes. Nous serons champions dans dix-neuf minutes. Dix-neuf minutes. C’est à dire trois œufs à la coque et demi. Au moment où Petit s’empare du ballon, à la troisième seconde de la quarante-septième minute de la seconde mi-temps, on a vu mes pieds. Au moment où il marque, à cette minute ultime, ma mère pousse le cri final, pousse pour la dernière fois, et la sage-femme me saisit à la taille, me remet à l’endroit et m’extrait de sa chair. Au moment où Emmanuel Petit, qui était parti de ses 16 mètres 55, vient crucifier l’équipe du Brésil à 3-0 ; au moment même où l’équipe de France est sacrée championne du monde, je suis venu au monde. »

Diego est né le 12 juillet 1998, le jour où la France est sacrée championne du monde. Prénommé ainsi en hommage au célèbre joueur de foot, son père voit déjà pour lui, son fils unique, un destin tout tracé à la hauteur de son idole, Maradona, d’où son passage obligé par les pelouses des résidences, les stades, les échauffements et les entraînements. Pourtant, tout le pousse vers le banc de touche. Il est animé par un tout autre destin : être comédien. Pour parvenir, il lui faudra échapper à ses fantômes familiaux et socio-culturels.

Le texte d’Alexandre Cordier se décompose comme un match avec ses avancées et ses ratés d’où les répétitions et les balbutiements. Barthélémy Fortier l’a mis en scène avec sa nécessaire combativité et ses incertitudes de résultat. Hugo Randrianatoavina l’interprète, tout en exécutant parallèlement une excellente performance sportive et théâtrale, tel un attaquant en pleine action courant après le destin de son personnage.

Diego est une histoire comme tant d’autres sur une aventure humaine, la nécessité de faire des choix pour concrétiser ses désirs les plus profonds sans blesser ses proches et ses amis. Pour les passionnés de football… mais pas seulement.

Le regard d’Isabelle

DIEGO

Théâtre La Luna – 94000 Avignon

Du 29 juin au 21 juillet 2024 – relâche les 1, 8, 15 juillet – à 20h05  

Durée : 1 h 10