LA MAISON D’À CÔTÉ – THÉÂTRE DE L’OPPRIMÉ

♥ Juliana, la cinquantaine, est une scientifique brillante et charismatique. Son intelligence est son principal atout. Elle a conçu le médicament le plus approprié contre la perte de mémoire provoquée par la démence. Alors qu’elle commence devant un parterre de médecins une conférence sur sa découverte, l’Identamyl, censé soigner de graves formes de démence, sa phrase reste en suspens. C’est le trou, la panique. Elle est contrainte d’interrompre la conférence. Pourquoi et comment en est-elle arrivée là ? Son problème est-il neurologique ? Que s’est-il passé voici plusieurs années entre Juliana et sa fille Laura avant la disparition brutale de celle-ci ? Quelle histoire la lie au Dr Richard Sillner, son assistant ? Telle une exploration dans les méandres du cerveau, une forme d’enquête à caractère médical s’engage…

Construite comme un thriller psychologique, La Maison d’à côté de Sharr White (traduction française de Gérald Sibleyras) navigue entre des espaces frontières – la mémoire défaillante et le cadre spatio-temporel éclaté, la réalité et la vie intérieure de Juliana, la raison et la démence, le présent et le passé – pour explorer les incursions mémorielles dues au rappel d’un événement traumatique.

La Maison d’à côté a été créée pour la première fois en France en 2015. Neuf ans après, elle est reprise par la compagnie L’Air du Verseau. D’autres ont dû renoncer devant l’écriture singulière de l’intrigue, composée d’un puzzle de scènes qui casse le rythme de son déroulé. Sa complexité dessert l’objectif de l’auteur d’aborder la démence et ses impacts dans la sphère familiale. Quant aux choix de la mise en scène, signée par Christophe Hatey et Florence Marschal, ils sont très discutables : un décor identique quels que soient les lieux de l’action n’aide pas à la compréhension par le public (plus particulièrement, un même salon pour les deux maisons). Plus encore, la robe de cocktail à volants portée par Juliana, très courte et trop décolletée, n’est pas une tenue portée par une conférencière scientifique intervenant devant un parterre de médecins. Seule la comédienne interprétant trois rôles (la doctoresse, Laura et la nouvelle propriétaire) tire son épingle du jeu par sa justesse et sa sobriété. Les trois autres en font trop, beaucoup trop.  

Pendant la représentation de La Maison d’à côté, aucune émotion ne nous a traversé sinon un bel ennui. Dommage. Le thème de la démence est trop rarement abordé au théâtre.

Le regard d’Isabelle

Théâtre de l’Opprimé
78-80, rue du Charolais, 75012 Paris
Jusqu’au 7 avril 2024
Du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 17 h
Représentation supplémentaire le samedi 6 avril à 16 h 30 

Théâtre de l’Abbaye
3, impasse de l’Abbaye, 94100 Saint-Maur-des-Fossés
Samedi 9 novembre 2024 à 20 h 30, dimanche 10 décembre 2024 à 16 h

Durée : 1 h 20

Crédits photo Clara Ott

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