FEMME NON RÉÉDUCABLE – STUDIO HÉBERTOT (vu au Théâtre Au bout là-bas)

♥♥♥ En 2005, Vladislav Surkov, le très puissant secrétaire de Vladimir Poutine, signe une circulaire dans laquelle il constate que les ennemis de l’État se divisent en deux catégories : les ennemis avec lesquels on peut raisonner et ceux avec qui on ne peut pas, ces derniers sont dits « non rééducables ». La journaliste d’investigation, militante des droits de l’homme Anna Politkovskaïa était certainement de ceux-là.

Femme non rééducable raconte l’itinéraire d’Anna Politkovskaïa qui ne cessa de dénoncer les exactions des camps russes et tchétchènes par la description objective des faits. « Je me limite à raconter des faits. Les faits : tels qu’ils se produisent, tels qu’ils sont. Ça peut paraître la chose la plus simple, ici, c’est la plus difficile. Et ça coûte un prix fou. Quel prix ? Le prix que tu payes quand tu ne pratiques plus un métier, mais tu rentres en guerre. Tu combats. Tu te sens un combattant », affirme Stefano Massini. Anna Politkovskaïa sera assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l’anniversaire du chef de l’État Vladimir Poutine. Son corps est découvert dans la cage d’escalier de son immeuble, dans le centre de Moscou, un pistolet et quatre balles à ses côtés.

L’écriture de Stefano Massini, factuelle, est un cri de dénonciation. La sobre mise en scène de Laurent Mascles, sur un plateau sans aucun artifice, crée un univers troublant. Les voix de Marie De Oliveira et Laurent Mascles suffisent à la transmission du récit effroyable de la journaliste Anna Politkovskaïa sur les atrocités des Russes en Tchétchénie.

Marie De Oliveira est bouleversante, voire impressionnante de vérité et de résolution. Laurent Mascles est terrifiant lorsqu’il se met dans la peau d’un soldat tchétchène ou d’un officier russe. Tous deux sont excellents, ils interpellent notre conscience avec force et conviction. On ne ressort pas indemne après avoir entendu ce texte qui nous rappelle la dramatique actualité qui se joue actuellement aux portes de l’Europe.   

Le « mémorandum théâtral » Femme non rééducable est un magnifique hommage à Anna Politkovskaïa comme à tous les journalistes qui se battent pour la liberté de la presse.

Le regard d’Isabelle

FEMME NON RÉÉDUCABLE
Dans le cadre du Festival Cyrano, lundi 22 janvier 2024 à 19 h 00

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