♥♥♥ Un petit bonhomme. Chez lui. Seul. On devine, à l’extérieur, un monde gris, répétitif, anxiogène. Insatisfait du monde tel qu’il est, il cherche des moyens pour le transformer afin qu’il soit plus beau, meilleur, approprié au dessein des hommes. Il s’invente des histoires, il les raconte, les unes après les autres. Elles parlent du quotidien le plus banal et donnent vie à des personnages bien étranges : le premier décide de ne plus rien savoir, le deuxième entreprend de vérifier que la terre est bien ronde, le troisième, impuissant à changer les choses, décide d’en changer au moins les mots… En douceur, ce petit bonhomme remet en question des vérités qui nous sont imposées depuis le plus jeune âge pour mieux nous entraîner dans sa quête imaginaire, aussi irrésistible qu’utopique, d’un monde meilleur plein de poésie.
Ces Histoires enfantines (Gallimard, 1971) de Peter Bichsel, mises en scène par Dominique Lurcel, méritent-elles une adaptation théâtrale ? Si les héros de Peter Bichsel ouvrent les fenêtres de la vie sur d’étonnants horizons, ils présentent tous une grande et même ressemblance. Aussi, tous assemblés les uns après les autres, avec chacun sa logique et son chemin à suivre, ce déroulé de personnages s’engouffre à mi-parcours dans un certain train-train et notre esprit s’invite alors à prendre la poudre d’escampette. De plus, nous sommes restés perplexes sur le besoin de déplacer tous ces cartons rectangulaires par le comédien. Ces remue-ménages permanents occupent sa gestuelle inutilement comme ils interpellent l’attention du public qui espère vainement y déceler des points de compréhension.
Néanmoins, cette fantaisie théâtrale mérite d’être découverte pour la qualité de l’écriture de Peter Bichsel et l’interprétation talentueuse de Guillaume Van’t Hoff. ♦
Le regard d’Isabelle
Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au Lard – 75004 Paris Métro : Hôtel de Ville
Les lundis à 19h15, les dimanches à 18h00.
Du 27 septembre au lundi 26 octobre 2020
Durée : 1h10
COUP DE THÉÂTRE 