CENDRILLON – THÉÂTRE DE LA PORTE SAINT-MARTIN

cendrillon-pommerat-porte-st-martin♥♥♥♥ Régal des yeux, des oreilles et du cœur. Une merveille théâtrale à laquelle je pourrais attribuer un millier d’étoiles! C’est le « Cendrillon » de Joël Pommerat qui m’a littéralement enchantée cette semaine. Un spectacle en vérité d’une si grande richesse que je ne sais par où commencer…

L’histoire que nous conte Joël Pommerat est bien celle de Cendrillon, celle que tout le monde connaît, une jeune fille orpheline de mère, sommée d’aller vivre avec son père chez sa marâtre et ses deux vilaines belles-sœurs qui en feront leur souffre-douleur. Jusqu’à la visite de la marraine-fée, l’invitation à la soirée du roi et la rencontre décisive avec le jeune prince.

Mais la comparaison avec Perrault s’arrête là. Exit les clichés un peu mièvres du conte. Joël Pommerat a choisi de  faire de la mort maternelle un acte fondateur de la pièce et d’offrir ainsi une lecture beaucoup plus moderne du conte. A travers le destin de la jeune Cendrillon, il questionne : comment vivre et surmonter le deuil ? Comment grandir ? Comment faire l’apprentissage de sa vie ? Et embarque le spectateur dans un spectacle résolument contemporain et délicieusement décalé : Cendrillon, rebaptisée « Sandra » puis « Cendrier » par ses belles-sœurs parce qu’elle sent mauvais, est une gamine volontaire, effrontée, pas forcément jolie qui porte minerve et corset et aime récurer les sanitaires parce que ça lui fait du bien. Le père, mou largué et faiblard, se laisse dicter les règles par sa nouvelle femme, comble de ridicule et de vulgarité, la bonne fée est une magicienne foireuse qui fume comme un pompier pour oublier sa condition d’immortelle, la soirée du roi se transforme en boite de nuit, le prince charmant est du genre transgenre, lui-même en proie au deuil de sa mère, à qui Sandra/Cendrillon donne une leçon de vie plutôt que de le séduire par son charme et sa beauté…Joël Pommerat nous fait réfléchir et… rire aussi beaucoup.

Les scènes s’enchaînent plus belles les unes que les autres car la réussite du spectacle réside également dans la créativité et le soin remarquable apporté à la scénographie et aux lumières, qui nous plonge dans un univers onirique à la fois très intimiste et très « grand spectacle ».

Et puis un mot de conclusion sur le casting. Joël Pommerat a choisi des comédiens belges francophones de grand talent. Il faudrait tous les citer, à commencer par la comédienne Déborah Rouach qui interprète une Cendrillon/Sandra mutine, insolente, drôle et qui fait mouche à chaque réplique.  Notons également la partition parfaite de Catherine Mestoussis, dans le rôle de la belle-mère, pathétique et ridicule à souhait et Noémie Carcaud qui incarne une bonne fée gouailleuse et désabusée qui offre dans ses duos avec Cendrillon/Sandra parmi les scènes les plus drôles de la pièce.  

Bref, un enchantement ! A découvrir jusqu’au 6 août. ♦

Signé Elisabeth 

CENDRILLON

Théâtre de la Porte Saint-Martin, 18 boulevard Saint-Martin, 75010 Paris (métro Strasbourg Saint-Denis)

Du mardi au samedi à 20h30, un dimanche sur deux à 16h.

Jusqu’au 6 août 2017

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Une réflexion sur “CENDRILLON – THÉÂTRE DE LA PORTE SAINT-MARTIN

  1. Bravo pour cette belle critique Elisabeth ! J’ai lu quelque part que Cendrillon était re-baptisée « Cendriller » et j’ai aimé cette orthographe !Bon long week-end, de Bordeaux sous la pluie !AF

    Envoyé depuis mon appareil mobile Samsung.

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