LE TEMPS DES SURICATES – THÉÂTRE des BÉLIERS PARISIENS

Piece.1806.340x0Dernière chronique, je devrais dire dernier gros coup de cœur de l’année pour une pièce formidable qu’il est encore temps d’aller applaudir : « Le Temps des suricates » au théâtre des Béliers Parisiens qui offre, à travers le portait de deux acteurs de seconde zone, une touchante réflexion sur le théâtre et la condition du comédien.

Plantons le décor : Oyonnax, petite ville tranquille de l’Ain, accueille ce soir Hamlet en tournée. Dans la loge, les deux « petits » rôles, Mathieu et Édouard, attendent leur entrée sur scène, grâce au « retour plateau » du haut-parleur qui leur permet de suivre le déroulement de la pièce. Mais le temps est long et la conversation s’installe rapidement entre les deux. L’un, Mathieu/Marc Citti, n’ayant réussi qu’à décrocher qu’un simple emploi de figurant, enchaîne petit rôle sur petit rôle depuis des années. Frustré, amer et désabusé à l’encontre d’un métier qui ne l’a pas propulsé là où il l’aurait souhaité, il rêve encore à sa prochaine audition qui pourra peut-être relancer sa carrière. Face à lui, Édouard/Vincent Deniard, concentré et travailleur, a réussi à décrocher le rôle d’Horatio. Mais ce rôle lui permettra-t-il de redorer son blason de comédien alors qu’il est en plein doute sur ses compétences et son avenir ? Tels des suricates, ces petits animaux du désert, le cou toujours tendu à scruter l’horizon, Mathieu et Édouard, compagnons d’infortune, livreront leurs angoisses et leurs espoirs déçus, leurs frustrations et leurs rêves, le temps de cette soirée pas comme les autres.  

Courez applaudir ce spectacle, il est formidable ! D’abord un texte « vrai », juste, souvent drôle, parfois féroce (signé Marc Citti) qui sonne comme un véritable plaidoyer pour des centaines de comédiens talentueux, passés par la voie royale (le « Cons.») mais peu demandés, taraudés par un avenir incertain, nostalgiques d’un passé prometteur. Le texte est intelligemment servi par une mise en scène ingénieuse et rythmée (on ne voit pas l’heure passer !) qui nous permet de voyager à travers la vie et l’imaginaire des personnages, entre flashback nostalgiques, pastilles autobiographiques et réalité du plateau. La loge devient le réceptacle des fantômes de leurs passés, des visions de leurs avenirs ou des fantasmes de leur vie. Bien vu ! Et le duo Marc Citti/Vincent Deniard (vu dans Le Porteur d’Histoire) fonctionne à merveille ! Jouant leurs partitions avec une aisance et une complicité irrésistibles, ils offrent une prestation diablement efficace ! Ne manquez pas la dernière représentation parisienne qui aura lieu le 2 janvier. Le spectacle passera peut-être par Avignon l’été prochain.

Le point de vue d’Elisabeth 

LE TEMPS DES SURICATES

Théâtre des Béliers Parisiens • 14 rue Sainte-Isaure, 75018 Paris

DERNIÈRE : le vendredi 2 janvier à 19h

Crédit photos : Lisa Lesourd 

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LA LISTE DE MES ENVIES – THÉÂTRE des BÉLIERS PARISIENS

LA-LISTE-DE-MES-ENVIES-TDBP-WEB-666x1000Ceux qui ont lu le roman de Grégoire Delacourt connaissent l’histoire de « LA LISTE DE MES ENVIES », qui se joue actuellement au théâtre des Béliers Parisiens. Jocelyne Guerbette, 47 ans, est mercière à Arras. Délaissée par son mari Jocelyn qui ne l’aime plus, mère de deux grands enfants, orpheline de mère, un père atteint d’Alzheimer et des rêves de jeunesse désormais loin derrière elle, elle s’est finalement habituée à son destin modeste et tranquille. Mais sa vie bascule du jour au lendemain, lorsqu’elle gagne 18 millions d’euros au loto. Jocelyne ne mettra pas longtemps à dresser la liste de ses envies, de ses besoins, de ses folies. Mais rêve ou cauchemar ? Départ d’une nouvelle vie ou perte des repères ? La pièce au final questionne la quête du bonheur, le pouvoir de l’argent, la hiérarchie des valeurs. « Nous tâcherons de donner à voir et à entendre les conséquences de l’irruption de l’extraordinaire dans l’ordinaire » résume la metteur en scène Anne Bouvier.

Seul en scène, le comédien Mikaël Chirinian, qui a cosigné l’adaptation théâtrale, offre une très belle performance en incarnant les 6 personnages de la pièce. Et quel contremploi ! Avec son crane rasé et sa barbe fournie, on l’imagine a priori difficilement dans des rôles féminins. Mais gilet de tricot sur les épaules, talonnettes au pied,  et fleurs vahiné à l’oreille,  Mikaël Chirinian nous bluffe ! Tour à tour, émouvant(e) dans le rôle de Jocelyne, cocasse dans la peau des jumelles Danielle et Françoise, violent dans le sombre et désespéré Jocelyn, le comédien glisse d’un personnage à l’autre avec beaucoup d’aisance, de justesse et sans jamais tomber dans la caricature. Dommage que son débit soit un peu rapide parfois. Il parvient dans le même temps à occuper l’espace avec beaucoup de fluidité dans un décor au passage tout tricot !

Après l’adaptation théâtrale, le livre de Grégoire Delacourt a été porté au cinéma par Didier le Pêcheur. Sortie sur les écrans le 28 mai prochain.

Le point de vue d’Elisabeth 

LA LISTE DE MES ENVIES

Jusqu’au 30 avril 2014

THEATRE DES BELIERS PARISIENS

14 bis rue Sainte-Isaure, 75018 Paris

Metro : Jules Joffrin (ligne 12) ou Simplon (ligne 4)