LE TEMPS D’UNE TRIPLE-CROCHE (vu au LAVOIR MODERNE PARISIEN

♥♥♥ Un violon, un violoncelle. Deux jeunes femmes, deux voix, deux instruments. Elles sont musiciennes, ont grandi avec, dans et pour la musique. Elles se racontent, rejouent leur naissance à la musique, leurs premières émotions sonores, écartelées entre deux pôles : d’un côté la joie infinie de toucher du doigt la musique, la beauté des notes, et de l’autre, la violence pédagogique, les dégâts causés par cette enfance à côté du monde.

Depuis des années, Ariane Dumont-Lewi – autrice et metteuse en scène – travaille au théâtre avec des musiciens et des musiciennes passés par les conservatoires, régionaux ou nationaux. « Beaucoup de ces artistes ont été de jeunes interprètes très doués, ont travaillé très dur dès la petite enfance, réussi de nombreux concours, et… ont arrêté leurs études musicales juste avant leur terme, fermant la porte à des carrières prometteuses de solistes classiques. Certains, certaines ont même arrêté totalement la musique, avant de renouer avec elle sur scène, par le biais du théâtre, avec d’autres envies que celle de la recherche d’une perfection inatteignable. […] Renonçant à une partie de notre enfance, nous avons travaillé nos instruments, plusieurs heures par jour, pendant que nos camarades d’école allaient au square, à la piscine, au cinéma, ou, simplement, jouaient les uns avec les autres. […] Très tôt, nous avons appris le trac, les concours, l’angoisse de ne pas être à la hauteur. Mais nous avons aussi appris la beauté, l’exigence absolue du travail des grandes œuvres classiques, le bonheur incroyable de pouvoir recréer de mystérieuses alchimies sonores, vieilles de centaines d’années parfois, avec nos doigts. […] Mais pourquoi nous sommes nous imposés cela ? »

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