
♥♥♥ Fille publique puis courtisane, danseuse au bal Mabille, écuyère vedette, comédienne, directrice de théâtre, Céleste Mogador (1824-1909) s’élèvera dans la société jusqu’à devenir la comtesse de Chabrillan par son mariage, femme de lettres par son talent, exemple de vertu par sa conduite. Une vie rocambolesque pleine de contrastes, de combats et de rebondissements. De quoi forcer l’admiration d’un certain Alexandre Dumas qui deviendra son ami indéfectible et… son coauteur ! Dumas adaptera pour la scène Les Voleurs d’or, le premier roman éponyme de Céleste Mogador, inspiré par ses souvenirs d’un séjour en Australie avec son époux.
La collaboration littéraire – authentique – entre Dumas et Mogador est le pivot de ce spectacle. Si tous les faits qui y sont relatés sont véridiques, le dialogue des deux protagonistes est imaginaire. Céleste Mogador, indomptable et ambitieuse, nous embarque dans sa vie pleine de rebondissements pour la plus grande joie d’un Alexandre Dumas (supposé) en mal d’inspiration.
Françoise Taillandier et Bonnafet Tarbouriech nous plongent avec délice dans le monde artistique du XIXe siècle en évoquant le prince Napoléon, Alfred Musset, Georges Bizet, Jacques Offenbach, Théophile Gautier, Léon Gambetta et bien d’autres. Le plateau devient un espace de mémoire vivante où les bruissements de l’histoire se mêlent à l’histoire intime d’une femme qui refuse l’effacement. Par sa présence brûlante, et par-delà les siècles, elle nous tend un miroir et nous questionne sur le refus de la fatalité, la liberté, la dignité et… l’inanité de la gloire.
« J’avais acquis les ‘‘mémoires’’ de Céleste Mogador il y a déjà une petite dizaine d’années. Je m’étais dit ‘‘un jour peut-être…’’. Quand elle a ressurgi dans mon esprit, je me suis jetée à corps perdu dans la découverte de sa vie, de ses écrits, des biographies qui lui sont consacrées, des documents d’époque, etc. Et ce n’est pas tant l’œuvre qu’elle a laissée qui m’a fascinée, mais plutôt sa bouleversante et admirable ténacité à vouloir sortir de la médiocrité où l’avait placée le hasard de sa naissance. […] Dans ce XIXe siècle corseté à l’extrême où la femme n’a aucun droit, Céleste Vénard, dite Mogador, est une arriviste acharnée à sortir de sa condition. Femme du peuple, elle risque le tout pour le tout pour accéder à ce beau monde tant envié et rêvé des pauvres. »
Françoise Taillandier l’assure, Céleste Mogador a fait de sa vie un acte de résistance où la création littéraire tient une part majeure. De nos jours, son œuvre est délaissée. Histoire de Céleste Mogador, amie d’Alexandre Dumas répare une part de cet oubli en prose et en musique, dans une mise en scène enlevée.
Le regard d’Isabelle
HISTOIRE DE CÉLESTE MOGADOR, AMIE D’ALEXANDRE DUMAS
Guichet Montparnasse
15 rue du Maine, 75014 Paris
Du 30 octobre au 28 décembre 2025
Les jeudis à 20 h 45, les dimanches à 18 h
Durée : 1 h 15


