
♥♥♥ Saltimbanque, foutraque, burlesque, le cirque Aïtal c’est un peu tout cela à la fois. Mais c’est avant tout l’expression d’une cirque authentique, généreux, qui ne court ni après la performance, les habits de lumière ou la piste aux étoiles. Surtout pas ! Dans son dernier opus À ciel ouvert, la compagnie propose un spectacle bric-à-brac, qui conjugue acrobaties, poésie et tendresse.
Le cirque Aïtal a été fondé il y a plus de vingt ans par un couple de circassiens franco-finlandais : Victor Cathala et Kati Pikkarainen. Ils se rencontrés au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne et n’ont cessé depuis de proposer des spectacles itinérants, dans la tradition du monde forain, qui tiennent presque plus de l’artisanat que de l’art. Ce soir, dans les jardins du théâtre du Rond-Point, à deux pas des Champs-Elysées, mais à des années-lumière du glam et des enseignes de luxe – et le contraste n’en est que plus savoureux (!) –, la troupe est venue poser chapiteau et gradins pour nous plonger dans son univers bien à elle. D’emblée, le décor « dedans/dehors » surprend et séduit : une piste ronde avec son gros chaudron, un grand chapiteau à ciel ouvert, protégé par une toile qui laisse voir les étoiles, des caravanes et roulottes de fortune qui ont pas mal de kilomètres au compteur et qui serviront de gradins pour quelques spectateurs intrépides. Le ton est donné : saltimbanque, singulier et totalement libre !
Là, sur cette étrange place, évolueront quatre personnages, Victor, le porteur costaud avec son pull camionneur et ses pataugas, Kati, la frêle et musclée acrobate, et leurs deux acolytes musiciens, tout droits sortis d’un film de Fellini, dont on ne connaîtra jamais les identités ni les « emplois ». Ils se croisent et se recroisent au fil de saynètes, dont on peine à comprendre le lien, il est vrai, pour former une petite humanité, étrangement bigarrée. Nos protagonistes brassent du foin, de l’eau, de l’air, les portes des caravanes claquent, les assiettes volent en éclats, les poules envahissent le plateau, puis les oies. Les mésanges forment un joli ballet, collées au visage de Victor, les musiciens… jouent ! Au fil du spectacle, la nuit tombe et, au son du gros trombone ou du violon virtuose, Victor et Kati déploient leurs talents d’acrobates et de voltigeurs à l’occasion de duos magnifiques tout en poésie, force, précision. Étrangement beau et touchant, le cirque Aïtal renoue avec les racines d’un artisanat circassien étonnamment vivant.
Signé Elisabeth
Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin-Roosevelt, 75008 Paris
Du 11 au 22 juin 2025
Durée : 1 heure
Crédits photos : Christophe Raynaud de Lage et Vyacheslav Iroshnikov



