BALLET JOGGING – LE CARREAU DU TEMPLE

♥♥♥♥Ancien sportif de haut niveau, passé par la réalisation audiovisuelle et reconverti à la chorégraphie, Pierre Rigal crée, en 2003, la compagnie Dernière Minute qui propose des spectacles à la croisée du théâtre, de la musique et de la danse. Il y est toujours question de corps, de dynamiques, de mouvements, de vibrations, de collectif. Des performances fortes et singulières dont l’étonnant Ballet Jogging, créé à l’occasion de l’arrivée de la flamme olympique à Marseille dans le cadre de l’Olympiade culturelle, et présenté au Carreau du Temple le 25 mai dernier pour une représentation unique. Séduction immédiate !

Bien installées dans la grande halle du Carreau du Temple, baignée de lumière en ce dimanche après-midi de mai, grand plateau rectangulaire, petits gradins, on attend patiemment le début de Ballet Jogging, éminemment curieuses de plonger dans ce spectacle qu’on ressent déjà différent. Et puis, soudain, presque discrètement, une première joggeuse, débardeur et short bleu, s’élance sur le plateau, en fait le tour méthodiquement, avant que ne la rejoigne une deuxième joggeuse. Autre morphologie, autre tenue, autre foulée, mais même détermination à courir et boucler son tour de piste. Silence dans le public, on n’entend que des semelles crisser sur le parquet. Puis le plateau progressivement accueille 10, 15, 30, 40, 50 joggeurs, tout âge, tout niveau, tout style confondus, les protagonistes anonymes de ce Ballet Jogging qui, toujours en courant, tenteront de conquérir une heure durant leur espace commun, au fil de chorégraphies étonnamment fluides, aériennes, presque animales – on pense à des nuées d’oiseaux ou des bancs de poissons. Une danse collective pour former des figures en mouvements, grands cercles humains ou géométries complexes, courbes accélérées ou angles droits.

Proposition d’une infinie poésie ! Le spectacle, porté par une folle énergie et hypnotisant visuellement, séduit totalement par le message qu’il véhicule: la force des singularités au service du collectif. Ici, point de course à la « performance », l’unique envie de courir dans toutes ses dimensions et dans toutes ses limites – le droit de courir sans chercher le geste technique, le droit de ralentir, de piétiner, de transpirer beaucoup, de glisser, de tomber peut-être. Et l’on est, nous spectateurs, portés par la musique enivrante de Julien Lepreux, partie prenante de cette énergie vitale qui traverse le groupe: une course solidaire, un dépassement de soi libre et joyeux !

Signé Elisabeth

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