
♥♥♥ Au début des années 1980. Oskar Schindler est considéré comme l’un des héros de la Seconde Guerre mondiale. Dans un palace de Munich, un journaliste américain, ancien combattant, et son cameraman d’origine juive rencontrent la veuve d’Amon Göth, le commandant du camp de concentration de Plaszow, d’où ont été sauvés les prisonniers de la liste de Schindler. Est-elle une héroïne ? Une criminelle ? Une victime ? Un monstre ? Après un an de vie commune avec le « boucher d’Hitler » et près de quarante ans d’anonymat, Irène Kalder va leur livrer sa vérité et les forcer à dévoiler la leur.
Comment reconnaître avoir été l’épouse d’un bourreau assassin ? N’est-ce pas admettre que le fait d’être sa campagne l’associe aux crimes de ce monstre ? Avoir pu sauver la vie à quelques déportés juifs peut-il lui donner une bonne conscience mais avait elle réellement connaissance de ce qui se passait à l’intérieur du camp ? Le déni de l’innommable est-il seulement entendable ?
Après une enquête dans les pages noires de l’Histoire, Caroline Darnay met en scène avec des moyens minimalistes un chassé-croisé d’affrontements passionnants autour d’un fait historique véridique. Le texte est puissant, l’intrigue troublante et captivante. Le déroulé est riche d’ambiguïtés et de rebondissements d’un bout à l’autre. Quant à l’interprétation de Marc Francesco Duret, Caroline Darnay et Duncan Talhouët, elle est remarquable.
Cependant, on regrette que le propos n’ait pas abordé plus dans le détail les faits qui se sont passés réellement dans ce camp d’extermination. Pourquoi ne pas avoir lu des extraits des minutes du procès d’Amon Göth à son épouse ? Les témoignages des survivants auraient apporté des informations incontestables et d’une grande importance pour la compréhension des spectateurs. Quant au journaliste, son désir d’en finir au plus vite avec l’enregistrement de cet entretient l’emporte sur son argumentation pour se défendre de ses actes commis en qualité de pilote de l’armée de l’air.
Néanmoins, Majola offre un moment de théâtre saisissant de vérité, intense en tension et en émotion. Les échanges vous glacent le sang bien après le baisser du rideau ; ils nous rappellent la nécessité de prendre part à notre devoir de mémoire envers les générations futures.
Le regard d’Isabelle
THÉÂTRE DES CORPS SAINTS
76 Place des Corps Saints – 84000 Avignon
du 5 au 26 juillet 2025 à 15h20
Durée : 1 h 15
Prochaines dates
28 et 29 janvier 2025 à l’Athénée, Rueil-Malmaison
5 avril 2025 à l’Espace Bernard-Dague, Louvres
© Photos Cyprien Leym – Affiche Marianne Séguin & Cie


