LES PIEDS SUR TERRE – THÉÂTRE DE BELLEVILLE  

♥♥ M. Moreau et sa fille Suzanne viennent nous raconter un épisode de leur vie qui les a transformés et a changé leur relation… À l’époque, Moreau, ex-cadre sup devenu vigile, surprend un vol de parfum par une caissière. Dilemme : la caissière est l’ancienne nounou de Suzanne. Moreau risque sa place s’il la couvre. S’il ne le fait pas, c’est elle qui perdra son poste. Peut-on défier la loi par solidarité ou faut-il garder « les pieds sur terre » ? Tel est l’élément déclencheur de ce polar social, signalé dans le dossier de presse comme légèrement mystique et joyeusement immoral, qui interroge les liens humains, sociaux, intimes et intergénérationnels.

Hercub’ aime parler avec légèreté de choses graves tout comme Gilles Granouillet, approché par la compagnie pour écrire ce texte. « J’ai mis au fond du bol la figure d’un homme déchu, ma conviction que parfois ce sont nos enfants qui nous remettent les yeux en face des trous, mon émerveillement devant la peinture du Caravage et tout particulièrement devant La Vocation de saint Matthieu, des images de Vincent Lindon dans La Loi du marché, mon goût pour le genre policier… Très éclectique ! Très très éclectique ! Le résultat ? Une farce socio–familiale ? Un polar mystique ? »

Les Pieds sur terre est un texte engagé politiquement. Le vol d’un parfum à l’hypermarché par Mme Dos Santos va placer toute une galerie de personnages en position de faire des choix, de se remettre en question, de prendre des risques ou ses responsabilités. Et qui de s’interroger sur le cadre de la loi, de la morale, des règles du monde de l’entreprise, l’estime de soi et la survie matérielle, la justice et le devoir… Le tout est abordé par Gilles Granouillet à travers l’intimité de ses personnages exposés à leurs propres contradictions. Et comment aurait réagi chaque spectateur face à cette même situation ? Aurait-il gardé les pieds sur terre ? La question reste posée.

Malgré le bon jeu de Philippe Awat, Bruno Rochette, Sylvie Rolland et Érine Serrano, mon intérêt n’a pas franchi le bord du plateau. Si les relations et les tensions dans le milieu professionnel sont bien mises en exergue, si les digressions extravagantes de l’écriture surprennent (apparition de saint Matthieu, développement des problèmes rencontrés par les intermittents du spectacle, ferveur passionnée pour l’Association sportive de Saint-Étienne), la chute du fil rouge – les suites du vol de parfum par Mme Dos Santos – est un rien immorale (comme annoncé). Ni émue, ni bouleversée, ni impressionnée, ni éprouvée. J’ai gardé les pieds sur terre. Dommage.

Le regard d’Isabelle

Théâtre de Belleville
16, passage Piver, 75011 Paris

Du mercredi 2 au mercredi 30 avril 2025
Mer. 21 h 15, Jeu. 21 h 15, Ven. 21 h 15, Sam. 21 h 15
Représentations scolaires les 7 et 11 avril à 14 h
Durée 1 h 20

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