J’AI DIT OUI ! – THÉÂTRE MARIGNY

♥♥♥♥ 2019. Éric Dupond-Moretti montait sur scène pour raconter ses trente-six années d’avocat pénaliste et de ténor du barreau. 2025. Il y remonte pour régler ses comptes avec les journalistes et les magistrats. Leurs relations n’ont pas été franchement cordiales pendant les quatre années de son mandat très convoité de ministre de la Justice (appelé aussi garde des Sceaux). Lorsque Emmanuel Macron, président de la République, lui a proposé cette charge, Éric Dupond-Moretti l’avoue : « J’ai dit oui ! »

Avec sa décontraction naturelle légendaire, il partage avec le public du Théâtre Marigny son expérience de la Place Vendôme. Il connaît toutes les clefs pour retenir l’attention d’un auditoire : le mot juste, la bonne répartie, l’aménagement de la chute. Qu’on apprécie ou non sa personnalité et sa manière d’être, l’éloquence est belle, le charisme remarquable. La mise en scène de son ami Philippe Lellouche s’efface devant l’homme. La salle (absolument comble, soit plus de mille personnes !) est tout ouïe. Le grand avocat, devenu un temps ministre de la Justice, se raconte…

Pendant le premier confinement, un ami député téléphone à Éric Dupond-Moretti. Dans la conversation, il lui demande s’il ne se verrait pas en garde des Sceaux… Lui, l’avocat pénaliste, pas vraiment. Au fil des semaines, l’idée fait son chemin dans son esprit. Lorsqu’un nouveau gouvernement est nommé par Jean Castex, ses pensées deviennent réalité : l’emploi lui est proposé, il accepte sans hésitation. Jamais il n’aurait pu imaginer ce qui l’attendait : pugilat au Palais-Bourbon, coups bas des magistrats et des syndicats de la magistrature, il fera l’objet d’une information judiciaire pour « prise illégale d’intérêts » et de poursuites administratives par un juge assoiffé de vengeance… Il explique ses deux « bras d’honneur à la présomption d’innocence » à l’Assemblée nationale, s’insurge contre la violation du secret de l’instruction dans de nombreuses affaires, comme des fuites réitérées au Conseil des ministres dans la presse, son salaire de 6 800 € net dévoilé… pour conclure par la liste des nombreux dossiers qu’il a bouclés (enregistrement sonore ou audiovisuel des audiences judiciaires et administratives en vue de leur diffusion fondée sur un motif d’intérêt public, une femme divorcée dont l’enfant porte le nom de son père a le droit d’utiliser pour son enfant son nom à elle en nom d’usage sur les papiers d’identité…). Bref, on comprend vite qu’on n’est pas là pour assister à un meeting politique ou à une séance de psychologie à but thérapeutique. « Non, je ne suis toujours pas un homme déconstruit. J’aime toujours le barbecue, la chasse, la corrida. » Éric Dupond-Moretti est remonté sur scène pour dévoiler l’univers d’un garde des Sceaux, sans oublier son bureau et son jardin  – magnifiques ! –, ses joies et ses misères (professionnelles et personnelles).

Pendant une heure trente, maître Éric Dupond-Moretti fait le show. Pas un instant d’ennui, on en apprend tant sur les coulisses du pouvoir et de la justice. Si on lui proposait une nouvelle fois l’emploi, il l’affirme sans hésitation, de nouveau il dirait oui ! Nous aussi, pour un nouvel opus, nous dirions oui !

Le regard d’Isabelle

Théâtre Marigny – Salle Marigny
Carré Marigny – 75008 Paris

Jusqu’au dimanche 8 juin 2025
Durée : 1 h 30

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