LES PETITS CHEVAUX, UNE HISTOIRE D’ENFANTS DES LEBENSBORN – THÉÂTRE DES GÉMEAUX PARISIENS (vu à LA REINE BLANCHE)

♥♥♥♥ Quand Violette apprend que sa mère Hortense a été adoptée, elle la pousse à rechercher ses origines. S’ouvre alors une enquête captivante qui les met face à un pan méconnu de l’histoire : les Lebensborn, des maternités nazies implantées dans toute l’Europe pour peupler le Reich d’enfants « racialement parfaits ». Elles iront jusqu’en Allemagne pour rencontrer un autre enfant des Lebensborn et une demi-sœur allemande née du même père. Une fois retrouvées les traces de ses parents biologiques, Klaus et Angélique, Hortense et sa fille Violette devront apprendre à vivre avec ces nouvelles données sur leur passé et leur hérédité.

Les Lebensborn, maternités destinées à reproduire la race aryenne, créés le 12 décembre 1935 à l’initiative du chef des SS, Heinrich Himmler, sont largement oubliés du récit collectif. Pourtant, ils constituent le pendant des camps de la mort : l’extermination d’un côté, l’eugénisme de l’autre. Les maternités ont été implantées en Allemagne, puis sur tous les territoires conquis : Norvège, Danemark, Autriche, Pologne… et France (à Lamorlaye, de février à août 1944). Leurs objectifs : sélectionner les « meilleurs » enfants, les élever dans un cadre collectif, sans repères familiaux, les déshumaniser de façon à ce que leur seule référence soit le régime aryen. Les pères de ces enfants étaient SS ou soldats allemands, les mères des femmes célibataires. On estime que 20 000 enfants seraient nés dans les Lebensborn. Beaucoup d’entre eux ont été adoptés après la guerre par des familles françaises.

Les Petits Chevaux s’inspirent de témoignages, de recherches documentaires et d’interviews. Le texte de Séverine Cojannot, Camille Laplanche, Jeanne Signé et Matthieu Niango, dont la mère est née dans un Lebensborn, se révèle poignant, instructif, entretenant le suspense d’un bout à l’autre. L’histoire de Klaus et d’Angélique, tous deux emportés dans le tourbillon de la guerre, est confondante, implacable, glaçante. L’interprétation par Florence Cabaret, Séverine Cojannot, Nadine Darmon et Samuel Debure est émouvante et talentueuse. Le tout est un travail de mémoire nécessaire sur le destin de ces innocents victimes du fanatisme, du racisme, de l’antisémitisme et de l’eugénisme.

Quel est le rapport entre les enfants nés dans les Lebensborn et les chevaux auxquels le titre du spectacle fait référence ? Vous le découvrirez au cours de la représentation.

Les Petits Chevaux est de ces pièces dont on ne sort pas indemne et que l’on recommande à tous comme d’assister à un bord de plateau. Moment passionnant pour regarder l’histoire en face et en vrai.

Le regard d’Isabelle

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