
♥♥♥ Les Sea Girls fêtent leurs vingt ans de carrière avec un nouveau spectacle joliment baptisé « Dérapage » cosigné Pierre Guillois (Bigre, Les Gros patinent bien, Dans ton cœur… ). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les années passent mais que leur amour du music-hall reste intact ! Le trio s’en donne à cœur joie dans ce sixième show, plus « seagirls » que jamais : des plumes, beaucoup de plumes (!), des strass, des paillettes, encore et encore, des collants serrés, bien serrés, mais aussi des crêpages de chignon, des perruques qui volent, des boots à volants, des guitares rock, et des fantasmes de majordome aux petits oignons pour ces dames… Un spectacle ultra attachant !
Vingt ans de music-hall, ça se fête ! Mais ça commence à faire long aussi avec ses milliers de kilomètres au compteur, ses centaines de shows et de nuits d’hôtel, ses répétitions à rallonge, ses publics mous et mal élevés, vingt ans à gainer ses abdos, serrer les fesses, lever les gambettes, renoncer aux soirées chablis cacahouètes… Alors, pour ce spectacle anniversaire, Prunella Rivière, Delphine Simon et Judith Rémy nous font découvrir l’envers du décor, l’envers de leur décor à elles, celui des coulisses de leur métier, la vie d’artiste itinérante, où les pieds juchés sur des talons de dix centimètres font mal et se prennent dans les câbles, où les costumes sont mal rangés, les nerfs frisent, les corps lâchent, où la fatigue et le doute s’installent. Est-on toujours capable de faire du music-hall, passé la cinquantaine ? Est-on toujours légitime dans le métier ? A-t-on toujours sa place ?
Certes oui, à voir nos trois protagonistes se démener une heure trente dans un joyeux défilé de numéros joués, dansés ou chantés et qui nous en mettent, quand même, plein les mirettes. Pourtant, avouons-le, le show démarre un peu mollement, faute d’une vraie narration, et peine à nous plonger dans l’univers bien campé du trio. À défaut, on s’émerveille de l’avalanche de costumes plus extravagants les uns que les autres (signés Elsa Bourdin, chapeau !), fil rouge d’un spectacle inégalé en la matière ! Puis progressivement, la fantaisie s’installe, la magie opère au fil de tableaux bien enlevés et facétieux à souhait (les valises, le majordome, les solos de musiciens…), toujours complices avec le public. Et l’on replonge délicieusement dans l’univers « seagirlien », plein d’autodérision, qui revisite si bien les codes du music-hall pour mieux les célébrer. Le spectacle est aussi une ode à l’amitié, à la générosité, une déclaration d’amour de trois artistes à leur métier-passion. On sort le coeur en fête de faire partie de leur public fidèle. À découvrir à la Scala Paris jusqu’au 23 février.
Signé Elisabeth
La Scala Paris, 13 boulevard de Strasbourg, 75010 Paris
Du 28 janvier au 23 février 2025



