4 211 KM – STUDIO MARIGNY

♥♥♥♥(♥) 4 211 km, c’est la distance entre Paris et Téhéran, celle parcourue par Mina et Fereydoun venus se réfugier en France après une révolution qu’on leur a volée. Yalda, leur fille, née en France, nous raconte leur vie d’exilés, leur combat pour la liberté, l’amour d’un pays et l’espoir d’un retour. Une vie entre deux mondes. Comment vivre avec son héritage familial et culturel dans la société française à l’opposé de sa culture iranienne ? Avec le poids du passé ? Avec le sentiment du devoir de mémoire ? Avec une quête incessante de sa propre identité ?

4 211 km raconte l’histoire d’un héritage que Yalda aime autant qu’elle le déteste. Elle est née à Paris de parents réfugiés politiques. Ils s’étaient battus contre la monarchie du Shah d’Iran, rêvant de démocratie. Après une révolution qu’on leur a volée (la République islamique dirigée par l’ayatollah Khomeiny a pris le pouvoir), ils ont fui pour la France, pays refuge de leur exil. Chez eux, on parle le farsi et l’azéri, on mange et on respire à l’iranienne, on pense et on espère l’Iran. Comment marier déracinement et mémoire familiale avec l’héritage d’un pays d’accueil si différent dans ses us et coutumes que celui de ses origines ? À travers le regard de Yalda, nous découvrons les difficultés de s’intégrer sans renier ses origines.

4 211 km met en lumière le destin d’une famille déracinée et la quête d’identité de leur fille pour trouver son propre chemin de vie. C’est une réflexion sur le déracinement, l’héritage et l’identité. Elle témoigne de la vie au quotidien de milliers d’Iraniens qui ont fui après une révolution devenue « Révolution islamique ». Que ferions-nous si notre pays basculait aux mains d’extrémistes ? Qui deviendrions-nous si nous devions nous exiler ? Toutes ces questions et bien d’autres nous hantent bien après le baisser de rideau.

Aïla Navidi, autrice et metteuse en scène, s’est inspirée de son histoire familiale. Son écriture adopte un style cinématographique, sa mise en scène est fluide, défiant la notion d’espace-temps : de scène en scène, on passe d’un lieu à un épisode faisant fi du respect de la chronologie des faits. Ainsi les scènes se chevauchent-elles, un peu comme lorsqu’on raconte un souvenir et que les détails comme les personnages se bousculent dans notre esprit . 

4 211 km, c’est un voyage entre Téhéran et Paris, hier et aujourd’hui, les souvenirs et les événements de la vie, les rires et les larmes. Tous les exils (qu’ils soient politiques, économiques, climatiques…) font mal au cœur et à l’âme, aux générations qui les vivent comme à celles qui les suivront. Beau texte. Admirable mise en scène. Jeu sensible et bouleversant. Qu’il est bon de cheminer ces 4 211 km en une si talentueuse compagnie. Le public est unanime. Une des pièces à ne pas manquer de voir et recommander. D’où mon cinquième cœur (même si je ne peux en accorder pas plus de quatre).

Le regard d’Isabelle

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