DIALOGUES DE BÊTES – THÉÂTRE LE LUCERNAIRE

♥♥ Faire parler un chat, un chien, pénétrer un monde mystérieux, drôle, cruel et tendre à la fois est né de l’inspiration de Colette. Donner à entendre ceux qui nous observent, nous reniflent, nous pressentent, ceux qui nous adorent bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Dans Dialogues de bêtes, Colette dit « la triste tendresse qui fait battre si vite le cœur des  bêtes », mais aussi la révolte qui fait battre si fort le cœur des femmes…

« Colette donne la parole à deux bêtes, un chat et un chien, Toby-Chien et Kiki-La-Doucette. Ils parlent de leurs maîtres, les Deux-Pattes, Lui et Elle, Willy et Colette. Plusieurs tableaux pour accéder au “cœur des bêtes”, en révéler la beauté, la pudeur, la vulnérabilité, le côté fantasque aussi. Le chat et le chien servent à Colette de masque pour faire entendre sa vérité, celle de sa relation au monde, et aussi la vérité des relations entre les êtres : entre chien et chat, entre Lui et Elle… » (Élisabeth Chailloux).

Dialogues de bêtes (premier texte publié en 1904 sous son nom de plume, les précédents l’ayant été sous le nom de Willy son époux), mis en scène par Élisabeth Chailloux, est une rencontre entre le théâtre et le dessin. Projetées en fond de scène, les aquarelles de Cyrille Meyer prennent vie sous ses pinceaux. On aurait tant aimé en voir bien plus éclore sous nos yeux. Son trait est si frais, si plaisant pour illustrer les différentes scènes de Dialogues de bêtes. Les premières évoquent la vie paisible dans une maison bourgeoise du début du XXe siècle. Suivent le voyage en train à vapeur, le dîner qui tarde à être servi et, soudainement, la révolte d’Elle, avide de vivre sa vie comme elle l’entend et non régie par les desiderata de son époux. Aucun événement préalable dans son quotidien sans surprise ne l’avait amorcée. D’où notre étonnement, voire incompréhension. Le style de Colette est vif et enlevé, drôle et tendre, parfois mélancolique et cruel mais un brin désuet pour les oreilles actuelles. Sur la scène, Lara Suyeux incarne admirablement le chat et le chien, Elle et Lui. Changement de tonalité de la voix, de la gestuelle, de la posture pour chaque personnage ; toujours les mêmes. Il manque comme un petit brin de folie et de surprise dans ces Dialogues de bêtes.

Le regard d’Isabelle

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