♥♥♥♥ Au tribunal du « flagrant déni », tout le monde nie, se renie, se méfie. Dans la robe du juge Saval, Maupassant s’amuse à faire comparaître à la barre une galerie de personnages tous plus truculents et loufoques les uns que les autres.
Alain Payen a adapté quelques nouvelles de Guy de Maupassant. Pour mieux nous les présenter, il a enfilé la robe du juge Saval et nous voilà face à eux dans un tribunal de la campagne normande. À ses côtés siègent greffier et autres de ses collègues. Du moins, il nous les donne à imaginer ici présents.
Devant le tribunal défilent des personnages, tous plus truculents et loufoques les uns que les autres, nés de l’imaginaire du célèbre nouvelliste : un pêcheur à la ligne accusé d’homicide ; un paysan normand pris d’un excès de boisson qui veut vendre sa femme au mètre cube ; un sacristain quincailler qui réclame son dû pour avoir engrossé une bourgeoise en mal d’enfant…
Le tour de force de ce spectacle : c’est un seul en scène ! Alain Payen croque plusieurs dizaines de caractères aussi bien par la mimique, la physionomie, le geste, le parler… avec un rare talent. En lui, on les voit ces hommes et ces femmes, les grands et les petits, les forts en gueule et les timorés, les bourrus et les ivrognes. On les sent, on les respire… on est dans la salle du tribunal à n’en pas douter. C’est du grand art, vous dis-je.
De même pour la mise en scène de Catherine Benhamou : elle arrive à nous faire entrevoir une multitude de lieux – tribunal, pièce de vie, coin de pêche, salon, antichambre… – sur un plateau totalement dénué de tout autre accessoire qu’une chaise en bois. Fascinant : la magie opère, et là encore, pas de truc, seul le talent. Je vous le répète : c’est du grand art.
M. Guy de Maupassant aurait sans nul doute apprécié. Nous, NOUS AVONS ADORÉ.
Le regard d’Isabelle
PALACE – Avignon du 29 juin au 21 juillet 2024 à 11 h25 (relâche les mercredis)
COUP DE THÉÂTRE 