♥♥♥♥ Lip, c’est l’histoire d’une horlogerie renommée mondialement, de tradition et d’excellence à Besançon, qu’une multinationale rachète pour la marque avec l’intention de licencier les personnels qui y travaillent. « Les 480 à dégager » s’organisent pour garder leur emploi…

On fabrique, on vend, on se paie (création collective d’après le livre de Charles Piaget, Syllepse Eds), raconte l’histoire de six ouvriers et ouvrières qui se mettent en lutte pour préserver leur travail et qui découvrent en chemin la solidarité, la force du collectif, le féminisme, l’insoumission. Le spectacle se structure autour de trois temps forts d’assemblées générales. Néons dans la salle et personnages dans le public, les spectateurs viennent gonfler les rangs de la lutte, comme des ouvriers ou sympathisants présents dans le mouvement. Ils et elles votent, chantent, applaudissent. À la seule force du collectif, ils luttent ensemble pour leur avenir. Au fil du mouvement, des changements de mentalité apparaissent au sein du collectif en lutte telle la place des femmes dans le mouvement. 

On fabrique, on vend, on se paie : c’était le slogan qui s’affichait au fronton de l’usine Lip (Besançon) en 1973. Cette lutte est emblématique dans l’histoire de la lutte ouvrière. À près d’un demi-siècle de distance, c’est une histoire très proche de notre actualité avec ses fermetures d’entreprises, ses licenciements et toujours les abus de pouvoir des multinationales.

À partir des archives de la lutte des ouviers des usines Lip, la Compagnie Le Bain Collectif retrace, dans une mise en scène ultraréaliste d’Anouk Darne-Tanguille, le parcours de six d’entre eux (Raphaël Bocobza, Lucile Chikitou, Nino Djerbir, Pauline d’Ozenay, Zélie Gillet, Léo Tasserit). Le rendu est si réel que chaque spectateur à quasiment l’impression d’être l’un des ouvriers de l’usine. Il fait corps avec l’histoire qui se joue devant lui et se passionne, se positionne et il vote ! Et il chante ! Et il applaudit ! Et il réagit ! C’est bien plus que du théâtre participatif.  

On fabrique, on vend, on se paye. À voir absolument pour (re)découvrir un pan de l’histoire ouvrière, pour envisager la force du collectif dans une lutte aux intérêts communs. Et si on ne remporte pas la bataille comme ici, on gagne bien plus en humanité.

Le regard d’Isabelle

ON FABRIQUE, ON VEND, ON SE PAIE. UNE HISTOIRE DES USINES LIP

Théâtre des Carmes André Benedetto
6, place Carmes – 84000 Avignon
Du 5 au 21 juillet 2024 – relâche les 9, 16 juillet – à 14h05