♥♥♥ Entre danse, chant et théâtre, « Tango y Tango » rend hommage à la culture argentine, à l’histoire mouvementée de ce pays si racé; à son peuple bigarré aux multiples origines et à sa danse emblématique au parfum de mystère (inspirations juive, andalouse, sicilienne, africaine). Un spectacle inégal tout autant que terriblement séduisant. Et une révélation : que le tango est beau et hypnotisant !
Quelque part en Argentine, dans une milonga défraîchie, des couples se font et se défont au rythme de tangos magnifiques. Entre en scène une jeune franco-argentine (Elodie Menant) qui revient sur les traces de son père qui a fui la dictature. Elle y rencontre Juan, un ancien danseur de tango, mélancolique et désabusé, qui revisite sa vie, son parcours et un amour perdu qui le hante. S’installe un dialogue, fil rouge – disons-le – très artificiel d’un spectacle qui peine à tisser une trame narrative claire et forte. Et c’est le bémol de ce spectacle, dont on ne saisit pas vraiment la véritable intention : est-ce un hommage au peuple argentin, un récit historique de l’Argentine des années 70, déchirée par la dictature, une plongée dans le mythe et les racines du tango ? Un peu de tout cela à la fois, sans jamais avoir le sentiment d’en faire vraiment le tour. Mais l’essentiel n’est peut-être pas là.
Une perfection technique
Esthétiquement parlant, le spectacle est une parfaite réussite ! Les scènes de danse offrent de réels moments d’éblouissement. La chorégraphie, signée Matias Tripodi, frise la perfection dans le genre. Et sans être connaisseur, on est éblouis par la technicité, la beauté, la virtuosité des couples de danseurs, au sommet de leur art, tout en émotion et en maîtrise. Qu’ils soient solos, duos ou collectifs, les tableaux se succèdent plus séduisants les uns que les autres. Les danseuses, sensuelles, fières, précises, tournoient, sa cambrent, s’envolent, au bras de leur partenaires et on est littéralement emporté par la beauté de ces tableaux, accompagnés par un orchestre live (bandonéon, violon). Cette troupe virtuose, rend hommage à son metteur en scène Marcial di Fonzo Bo, pour qui « on ne cesse de danser, jusqu’à l’épuisement des corps ».
Signé Elisabeth
Théâtre Marigny, carré Marigny, 75008 Paris
Jusqu’au 13 juin 2024
Du mercredi au samedi à 21h, le samedi et le dimanche à 16h
Crédit photos : Giovanni Cittadini Cesi
COUP DE THÉÂTRE 