GOSSE DE RICHE – THÉÂTRE DE L’ATHÉNÉE LOUIS-JOUVET

♥♥♥ « Aaahh le délicieux spectacle que voilà ! », aurait-on envie de fredonner avec les vocalises dans les aigus, pour prolonger le charme de Gosse de riche, la dernière création des Frivolités Parisiennes, cette compagnie d’opéra, créée en 2012, qui remet en scène le répertoire lyrique léger des XIXe et XXe siècles. Un spectacle fantaisiste et acidulé à souhait, dans la plus pure tradition du vaudeville musical d’entre-deux guerres. Totalement séduite !

Paris, années 1920. Colette Patarin, fille à papa d’un couple fortuné, capricieuse au dernier degré et ultra-émancipée, est amoureuse d’un jeune artiste fauché, André, qui entretient déjà une liaison avec Nane, une cocotte en vue. L’histoire pourrait s’arrêter là, sauf que le père de Colette fréquente également la belle Nane à ses heures perdues ! À l’occasion d’un week-end familial dans le château d’une baronne bretonne, au cours de laquelle Mlle Patarin souhaite officialiser son amour pour André, la situation va rapidement dégénérer et faire éclater les conventions de cette famille bourgeoise, qui se sentait à l’abri de tout. Et l’implacable mécanique du vaudeville de se mettre en place…

Quel bonheur de spectacle, porté par une troupe de comédiens-chanteurs rompus au répertoire d’opérette, à la fois dans la phrasé, l’articuline et les intentions tout à la fois subtiles et élégamment gouailleuses. On se regale des voix fraîches, de la diction parfaite et de l’agilité vocale des principaux protagonistes : Amélie Tatti, dans le rôle-titre de Colette; Lara Neumann, en Suzanne Patarin excentrique à souhait (hommage à son fest-noz endiablé !) ou Marie Lenormand, aussi bonne chanteuse que comédienne irrésistible, dans le rôle d’une baronne Skatinkolowitz, particulièrement motivée par les billets verts. Les rôles masculins, Philippe Brocard, Aurélien Gasse ou Charles Mesrine, donnent le change avec fougue et humour, pour embarquer le public dans une série de tableaux, montant progressivement en puissance et en dramaturgie, et c’est là le point fort du spectacle.

Pascal Neyron, le metteur en scène, a habilement soigné costumes, maquillages et décors, simples mais très graphiques, comme un bel hommage à l’art moderne. Il revisite le répertoire de l’opérette pour lui donner un nouvel écho et une vraie modernité, comme les questions du déterminisme social et du parcours des femmes en butte au préjugés et au carcan d’une société liberticide.

Un spectacle généreux, maîtrisé et raffiné. Bravo aux Frivos !

Signé Elisabeth

GOSSE DE RICHE
Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet
2-4, square de l’Athénée Louis Jouvet – 75009 Paris

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Crédit photos : Camille Girault

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