BIOGRAPHIE : UN JEU – THEATRE MARIGNY

♥♥ À la faveur de sa rencontre avec Antoinette, le professeur Kürmann rejoue sa vie, retouche son existence, explore les possibles, et s’imagine un autre passé pour espérer un autre avenir. Et s’il pouvait, à cinquante ans, rejouer sa vie, les grandes scènes de sa vie, en modifier un geste, un mot, en déjouer le cours, et surtout éviter une rencontre, celle d’Antoinette, miracle et cauchemar de son existence ? C’est la règle de ce jeu : réécrire sa biographie.

Vingt ans après sa première mise en scène de Biographie : un jeu(1999, Cartoucherie, François Berléand et Emmanuelle Devos) Jérôme Bélier-Garcia reprend la comédie douce-amère de Max Frisch où le professeur Kürmann a le privilège de pouvoir revenir dans le temps, le suspendre, choisir d’autres voies dans l’espoir de s’offrir un meilleur avenir sentimental. Mais il n’est pas si aisé de décider de modifier le cours de sa vie en toute conscience d’où une multitude d’interrogations engoncées d’indécisions. Immanquablement, s’ensuivent de (trop) nombreux comeback pour réécrire la rencontre fatidique et le premier matin du professeur Kürmann et d’Antoinette en modifiant un geste, une parole, une sortie, un accessoire. Les propos et les faits sont répétés à l’envi qu’ils finissent par lasser jusqu’à l’ennui bon nombre de spectateurs.  

Heureusement, des scènes s’attardant sur la jeunesse du protagoniste – ses relations avec ses camarades d’école, son premier amour, son premier appartement… – sont plus enlevées tout en apportant des détails marquants sur sa vie sentimentale, sa personnalité ou ses réactions comportementales. Dommage que toutes les scènes ne soient pas écrites dans cette même veine : le fil de l’intrigue aurait été plus enlevé, le propos enrichi et plus resserré. Le texte manque de rupture de rythme et même de coup de folie. Quant à la mise en scène, elle est sans surprise. Heureusement, les changements à vue des décors donnent du mouvement à cette biographie sans cesse remaniée. Les comédiens (Isabelle Carré, José Garcia, Jérôme Kircher), s’ils sont confondants de justesse et de naturel, les spectateurs ont bien du mal à ressentir une quelconque émotion pour l’un ou l’autre partenaire de ce couple en déliquescence.

Biographie : un jeu. Modifier en les règles, aussi bien sur le fond que sur la forme, pour donner plus de vie et de peps à la réécriture de sept ans de vie commune.  

Le regard d’Isabelle

Théâtre Marigny

Carré Marigny, 75008 Paris

Jusqu’au 17 mars 2024

Durée : 1h30 annoncés, 1h45 réels.

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