
♥♥ Que devient un acteur ou une comédienne lorsqu’il n’y a plus de public pour faire vivre leurs personnages ? Plus grand chose, ou presque… Mais lorsque le rideau se relève, s’agit-il de la comédie qui se joue ou de la vie qui reprend ses droits ? Alors entre fiction et réalité, on ne sait plus qui est qui…
La première comédie de Stéphane De Groodt débute d’une manière fort étonnante. (Je la garde volontairement sous silence pour ménager la surprise). Le public apprécie, il acclame les comédiens, les rappels sont bissés. Il est certain de passer un très bon moment dans un monde où les relations avec autrui, dans les situations comme dans le vocabulaire, frôlent l’absurde à chaque instant.
Si le jeu de Stéphane De Groodt, Éric Elmosnino, Constance Dollé et Bérangère McNeese est excellent, la mise en scène de Jérémie Lippmann truculente de fantaisie, le texte ne nous a pas convaincu malgré ses répliques imprégnées d’humour au second degré. Certes, le contexte de l’intrigue est totalement décalé : le jeu de quatre comédiens sur un plateau de théâtre s’entremêle entre fiction et réalité. Rejouent-ils une pièce pour le public ou se retrouvent-ils pour dîner entre amis ?
Même si l’interprétation des comédiens est admirable, même si leurs échanges sont aussi surprenants qu’absurdes, le décrochage guette les spectateurs : les situations tournent vite en rond au point de devenir grotesques, les baisses de rythme s’enchaînent et trop d’absurdité dans les propos tue l’absurdité des circonstances ! Dommage que dans ce florilège de bons mots, l’auteur s’empêtre dans une conclusion qui tarde. On peut apprécier un spectacle dont l’intrigue n’a ni queue ni tête, mais faut-il encore garder l’attention du spectateur en éveil d’un bout à l’autre. Cela ne fut pas le cas. Ma voisine n’a cessé de lire ses messages sur son smartphone et mon ami a été continuellement bousculé par une dame qui a trouvé enfin ses aises en fin de spectacle. Ah ! J’oubliais : un grand merci à cette spectatrice de l’orchestre dont le fou rire mémorable a redynamisé la seconde partie de la pièce. Un peu moins d’absurde et un peu plus de consistance dans le fond de l’intrigue auraient été appréciés.
Si vous avez « un léger doute » sur le ressenti de ce spectacle, n’hésitez pas à vous rendre au Théâtre de la Renaissance. C’est encore la meilleure manière pour lever ce doute.
Le regard d’Isabelle
Théâtre de la Renaissance
20, bd Saint-Martin – 75010 Paris
Du 29 septembre 2023 au 7 janvier 2024
Du mardi au samedi à 21 h, samedi à 16 h 30, dimanche à 15 h 30


