
♥♥♥♥ Dans un studio de radio désuet et décrépi des années 1960, trois animateurs-musiciens présentent une émission musicale « Voyage aux pays du… ». Ce jour-là, c’est le jazz qui est à l’honneur. Sans les prévenir, leur patron invite un public dans le studio pour réaliser l’émission en direct. Selon le succès, il décidera de la poursuite de l’émission ou non. C’est un véritable séisme dans leur univers si bien réglé. De maladresses en courts-circuits en passant par le trombone oublié dans la voiture ou une conversation avec le fantôme de Louis Armstrong, ils nous racontent le jazz, du blues au funk en passant par le be-bop. Alors que le public est embarqué dans les méandres de leurs catastrophes, ces passionnés ne lâcheront rien, tentant de maintenir ce qui, jusqu’ici, faisait leur vie.
Comment transformer une conférence-musicale-humoristique sur l’histoire du jazz en spectacle ? Sandrine Righeschi, coautrice et metteuse en scène nous l’explique : « Quand j’ai vu la première fois Matthias et Augustin sur scène, c’était dans un tout petit théâtre parisien. Une guitare. Une voix. Un duo aux accents de Marx Brothers, Laurel et Hardy, Jerry Lewis, Chaplin, Keaton… et encore Jacques Tati. Matthias : silencieux, puriste et timide. Augustin : volubile, perfectionniste et exubérant. Ils racontaient l’histoire du jazz en reprenant des standards que les spectateurs chantaient avec joie. Malgré un grand potentiel burlesque, il leur manquait une histoire et des personnages à eux pour mener ce spectacle à Avignon, avec beaucoup plus d’instruments sur scène (leur ambition). Et c’est là qu’ils ont fait appel à moi… Et si je les parachutais dans une vieille émission de radio désuète… ? Dans un vieux studio d’enregistrement avec des fuites au plafond. Ça ressemblerait aux années 1950 mais ils auraient leur ordinateur avec eux… Ils seraient élégants à la Cary Grant mais avec des trous dans les chaussettes… Anachronismes et décalages assumés ! Et si, pour favoriser leur belle interaction avec les spectateurs, on se racontait qu’ils sont le public qui venait assister ce soir-là à leur émission de radio… Et si on se racontait que c’était la première fois et que ce n’était pas du tout prévu… Et si encore, pour introduire de nouveaux instruments, on ajoutait qu’un troisième musicien (qui n’existe pas) n’atteignait jamais le studio à temps et qu’ils allaient devoir assurer ses parties, en direct, sans filet… Et si on se racontait qu’emberlificotés dans les câbles et les pieds de micros, quand ils jouent ou qu’ils chantent, on était émus aux larmes… Et si finalement, on parlait de l’échec ! Du vrai : de celui qui nous aide à nous trouver et à créer, quand tout est raté, retourné. Et si, ce nouveau spectacle, on l’appelait : “ZZAJ, à ceux qui se ratent” ? ».
Au programme : Cab Calloway, Benny Goodman, Charlie Parker, Miles Davis, Ray Charles, Nina Simone, Aretha Franklin, James Brown, Michael Jackson, Amy Winehouse, Bruno Mars… Une visite au pays du jazz pleine de drôlerie, de talent… et de connaissances historiques.
ZZAJ, à ceux qui se ratent… Une communion absolue de Matthias Lauriot-Prevost et Augustin Ledieu avec le public. Un coup de cœur. Une pépite remarquable. Un vrai bonheur musical.
Le regard d’Isabelle
ZZAJ, À CEUX QUI SE RATENT
Théâtre de l’Arrache-Cœur
13, rue du 58e Régiment d’infanterie – 84000 Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 à 19 h 55 (sauf les mercredis)



