
♥♥♥♥ La silhouette d’un esclave apparaît sur le tristement célèbre Code noir ; en 1685, il donnait tous les droits aux propriétaires blancs occidentaux. L’homme se déploie à partir du sol, se lève, retombe… Quelques instants plus tard, il devient l’un des premiers danseurs du Cotton Club, ouvert à Harlem en 1920. Ainsi s’ouvre Black Legends. Cette magnifique fresque musicale en 36 tableaux retrace presque un siècle de la musique afro-américaine : du Cotton Club à l’élection à la Maison Blanche de Barack Obama en passant par la lutte pour les droits civiques.
Sur scène, vingt chanteurs, danseurs et musiciens – des artistes afro-américains, martiniquais, guadeloupéens, sud-africains ; certains sont descendants d’esclaves – racontent l’histoire des Afro-Américains (l’esclavage, la ségrégation, le racisme, le Ku Klux Klan, la lutte, l’émancipation par l’obtention des droits civiques… jusqu’à l’élection de Barack Obama), illustrée par la musique afro-américaine.
Autour des paroles de chansons culte – Strange Fruit de Billie Holiday, A Change is Gonna Come de Sam Cooke, Said it Loud, I’m Black and I’m Proud de James Brown… –, le fil narratif historique de chaque tableau enrichit la partition émotionnelle du public, conquis par tant de prouesses talentueuses dans l’interprétation des chants, des danses et des musiques par des artistes fantastiques. Les costumes et les décors épousent toutes les époques, ils sont beaux et travaillés dans les moindres détails. Bien plus qu’une fresque historique (fort bien documentée), le spectacle est un hymne à la fraternité. Ce dimanche, Black Legends a fait battre tous les cœurs de Bobino à l’unisson. Standing ovation de la salle comblée, largement méritée.
Le regard d’Isabelle
Bobino 14 – 20, rue de la Gaîté, 75014 Paris