♥♥ Céleste Albaret fut la servante dévouée et confidente de Marcel Proust pendant les dernières années de son existence. A 82 ans, elle décide de nous livrer ses souvenirs en décrivant par le menu le lien indéfectible qui les a lié, eux qui ne se seraient jamais retrouvés seuls pendant 8 années si la guerre de 1914 n’avait pas été déclarée. Céleste lui restera fidèle jusqu’à sa mort, en 1922.
Plus de 50 ans après, le journaliste Georges Belmont recueille ses souvenirs pour en publier un ouvrage : Monsieur Proust (éditions Robert Laffont). À sa sortie, le livre fut assassiné par la critique. Comment un aussi grand écrivain pouvait se lier et se confier à une servante sans culture ?
La servante de Proust est son adaptation théâtrale, hommage sincère rendu autant à l’écrivain qu’à sa fidèle servante. Le tout nous est servi dans le plus bel écrin : les épreuves corrigées de Proust. Une petite merveille. Y sont dévoilés bien des détails à propos de la vie domestique de l’écrivain : ses horaires étranges, ses lubies alimentaires comme vestimentaires, sa vie sociale, les affres de sa santé précaire… et ses longues heures d’écriture et de correction.
Si l’adaptation de l’ouvrage et la mise en scène d’Arnaud Bertrand auraient gagné par quelques ruptures de rythme et le jeu des comédiennes – Annick Le Goff, Clémence Boisnard (l’une et l’autre incarnant la jeunesse et la maturité de Céleste) – par une élocution plus maîtrisée, La servante de Proust reste à découvrir pour pénétrer dans l’envers de la création littéraire d’un de nos plus grands auteurs classiques.
Le regard d’Isabelle
Théâtre du Chêne Noir
8 Bis rue Sainte Catherine – 84000 Avignon
COUP DE THÉÂTRE 