♥♥♥♥ Pour cette dernière chronique de la saison, j’arrive, comme l’on dit, après la bataille. L’encensement médiatique, les cinq Molières, le succès public (la salle était archi comble un 29 juillet) ont consacré « Edmond » comme LA pièce phénomène de cette saison 2016/2017. Alors affichons la couleur tout de suite, évidemment on comprend le succès parce qu’on a passé un excellent moment de théâtre.
Avec « Edmond », l’auteur et metteur en scène Alexis Michalik nous plonge dans le Paris de la Belle Époque et ouvre, comme d’habitude, son grand livre à histoires pour nous raconter la création rocambolesque de « Cyrano de Bergerac », la pièce mythique d’Edmond Rostand. Les obstacles furent nombreux pour le jeune dramaturge (manque d’inspiration, exigences de ses producteurs corses, caprices des actrices, jalousie de sa femme…) mais la pièce fit un triomphe à sa première un soir de décembre 1897.
La petite histoire dans la grande histoire du théâtre qui permet à Alexis Michalik de déclarer son amour des planches et de faire applaudir Cyrano autant qu’Edmond. Habile procédé d’autant qu’il réunit encore une fois tous les ingrédients qui ont fait ses succès: une pièce « chorale » avec 12 comédiens sur scène parfaitement à leurs affaires qui endossent une trentaine de rôle dont beaucoup de personnages historiques (Sarah Bernard, Feydeau, Coquelin, Ravel, Tchekhov, …), une profusion de décors, costumes, accessoires, tous à vue (les comédiens se changent quasiment sur scène, toujours aussi charmant), des dialogues « bons mots » qui font mouche et un rythme endiablé où les scènes se succèdent sans temps mort. Un poil trop étourdissant peut-être, Michalik pousse la mécanique à son maximum… L’auteur a pris quelques libertés historiques mais qu’importe, le charme opère encore une fois après Le Porteur d’Histoire, Le Cercle des Illusionnistes, Intra Muros, et on se laisse complètement emporter par ce très bon moment de théâtre, divertissant à souhait, portée de bout en bout par les comédiens globalement excellents mais hétérogènes – la distribution masculine de ce casting estival m’a semblé bien plus convaincante que les principaux rôles féminins. Mentions spéciales à Benjamin Wengarmee/Edmond Rostand et Jacques Bougaux dans le rôle de l’immense Coquelin, attendu et parfait dans les scènes de la tirade du nez et du couvent. Je finis donc en beauté notre saison de chroniques, le blog passe en mode vacances au mois d’août pour mieux se retrouver à la rentrée. Bonnes vacances ! ♦
Signé Elisabeth
Théâtre du Palais-Royal, 38 rue de Montpensier, 75 001 Paris (métro Palais-Royal)
Du mardi au samedi à 21h en août
Du mardi au samedi à 21 h et les dimanches à 16h en septembre, octobre, novembre, décembre.
Jusqu’au 31 décembre 2017
Durée : 1h50
Crédit photos : Alejandro Guerrero