LE JOUEUR D’ÉCHECS – THÉÂTRE RIVE GAUCHE

vz-bf92a559-25c2-4e20-8602-48dbd37a56acSalle comble comme à chaque représentation. Buenos Aires, Buenos Aires… embarquement immédiat. La sirène du paquebot retentit et sonne le départ  de la représentation du Joueur d’échecs, de Stefan Zweig, et mis en scène par Steve Suissa.Très vite, sur le pont, Francis Huster habillé d’une gabardine beige apparaît, et sans plus attendre, va nous livrer avec son talent si singulier le récit d’une partie d’échecs aux allures particulières et pour laquelle il incarnera tous les personnages.

Mirko Czentovicn, champion du monde des échecs, est monté à bord. Les photographes mitraillent. Informés de sa présence, les passagers se bousculent. Certains rêvent de disputer une partie avec lui et iront jusqu’à l’amadouer en le rétribuant financièrement. Mirko Czentovicn accepte et joue et rejoue à l’ennui quand « M. B. » intervient, volant au secours du « narrateur » et d’un bourgeois fortuné, perdus tous deux dans le déplacement de leurs pions. Ouverture : 1. e4 c6 ; 2. c4 d5 … une partie finira par s’engager entre l’arrogant Czentovicn et ce mystérieux passager autrichien qui s’affronteront devant une assemblée médusée et contre toute attente. Au-delà du langage des échecs, c’est celui de la psychologie humaine dans une Europe livrée aux nazis qui est étudiée, analysée sur le jeu de l’échiquier de la vie. Au fil de la partie, le « narrateur » décrypte pourquoi tel un cavalier cloué sur sa case par un fou, « M. B. » se sent attaqué, capturé jusqu’à ne pouvoir se déloger d’un passé. Échec à la vie… 

Pour que ce texte ne soit pas perdu dans les flots de l’Histoire, Francis Huster se donne et nous souffle avec subtilité et finesse ce merveilleux texte de Stefan Zweig, alors que détruit psychologiquement par la guerre – il se suicidera –, il livrait combat pour une conception européenne de la civilisation et contre la barbarie.  

Troisième vague d’applaudissements… Francis Huster ressurgit des coulisses, se pose dans un silence de deux secondes, frotte son front de son index et là, un tantinet incommodé par une émotion qu’il masque mal derrière des mots qu’il maîtrise habituellement si parfaitement, indique s’adresser aux jeunes. Concentré sur sa pensée, son émotion en reste néanmoins palpable… en direction de toute la salle, il invite à relire ou découvrir les textes de Stefan Zweig mais aussi d’autres relatifs à la Seconde Guerre mondiale. Enfin, il se lâche et exprime avec indignation la raison pour laquelle il se tient encore devant nous. Non Staline n’est pas un grand homme comme l’aurait déclaré, ces derniers jours, lors d’une visite officielle, le président russe Poutine à la chancelière allemande Angela Merkel. 

Pour que la barbarie puisse être échec et mat…

 LE JOUEUR D’ÉCHECS 

Théâtre Rive Gauche, 6 rue de la Gaîté, 75014 Paris 

Jusqu’au 29 août 2015

Crédit photos : Fabienne Rappeneau

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