♥♥♥ Un matin comme un autre dans une maison de retraite. Un petit vieux meurt, un autre vient prendre sa place. La routine, en somme, comme les parties de cartes, les exercices d’entretien du corps, les ateliers de mémoire, la distribution des médicaments, le tout entrecoupé des incessantes tentatives de suicide d’une pauvre vieille nouvellement veuve…
Cette création théâtrale du Collectif 2222, mise en scène par Thylda Barès, interroge sur nos représentations du vieillissement et la place de la personne âgée dans la société occidentale. Sujet plutôt scabreux et pourtant, le tout est plutôt réussi grâce à une subtile pointe de poésie saupoudrée dans chacune des scènes où le drame frôle obstinément le burlesque.
Les six comédien(ne)s et leurs 14 personnages osent questionner sans fausse pudeur les tabous touchant l’intimité des troisième et quatrième âges : la perte d’autonomie, les absences de l’esprit, le décès de l’être cher, la sexualité, l’envie d’en finir… et le plaisir des sens. Tour à tour, ils sont homme ou femme, soignant ou retraité, affublés de masques pour mieux faire parler les mains et les corps meurtris par les années. Alors que les situations si proches du quotidien d’une maison de retraite nous sont contées avec autant d’humour que de gravité, les résidents semblent dépossédés de leurs actions et leurs pensées comme de leurs moindres envies de sexualité ou de gourmandise. Devons-nous irrémédiablement perdre notre propre personnalité parce que nous devenons trop vieux aux yeux de nos concitoyens ?
Pourquoi les vieux, qui n’ont rien à faire, traversent-ils au feu rouge ? Assurément, vous n’aurez pas la réponse à cette éloquente question métaphysique et pourtant, je vous encourage à aller absolument voir ce spectacle parce qu’il réussit étonnamment à nous faire sourire, voire même à nous faire éclater de rire, tout en nous amenant à réfléchir sur notre propre vieillesse et à celle de ceux qui nous entourent.
Le regard d’Isabelle
Du 14 au 18 décembre 2022, puis en tournée en France.
Peut-être pour se rappeler leurs années de jeunesse où flirter avec le danger est grisant…
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