♥♥♥♥ «Les jours où je n’écris pas, où je n’essaie même pas, je me sens inutile sur cette terre.» nous confie Christiane Rochefort (1917-1998) dans son Journal pré-posthume possible. Tout est dit par cette belle personne au style littéraire aussi corrosif qu’original et au langage d’une créativité rare.
Christiane Rochefort ? Son nom ne vous dit rien… Lauréate du prix de la Nouvelle Vague en 1958 pour Le Repos du guerrier, Les petits enfants du siècle, Encore heureux qu’on va vers l’été, Printemps au parking ou La Porte du fond (Prix Médicis 1988), etc. Elle est également l’auteur d’un essai sur le travail d’écrivain – C’est bizarre l’écriture (1970) – invitant le lecteur à parcourir à ses côtés les chemins tortueux de l’inspiration jusqu’à la naissance d’un livre.
Awena Burgess et Orit Mizrahi nous convient à découvrir l’univers iconoclaste, rageur, utopiste et poétique de Christiane Rochefort. Voguant en jeu, en lecture et en musique, C’est bizarre l’écriture est un spectacle sur les singularités de la création littéraire sans oublier celles de la personnalité au quotidien de l’auteure. Grande amie de leurs mères, combien de soirées, de vacances, de souvenirs ont-elles partagés avec elle ! Aussi elles nous mettent dans la confidence avec un infime bonheur.
La mise en scène est dynamique et très originale, mettant en lumière le dialogue incessant que l’écrivaine entretenait avec son œuvre, interrogeant le processus de son écriture dans plusieurs de ses textes avec humour et inventivité, proposant plusieurs jeux d’écriture permettant de découvrir l’autre manière de se raconter de cette auteure emblématique d’une époque pas si lointaine que cela.
Les pauses musicales offertes par Awena empruntées à Purcell, Dylan et les Beatles, très présents dans la vie de Christiane Rochefort, sont un véritable bienfait pour l’âme et le corps.
Le décor avec son rétroprojecteur, son mobilier et ses machines à écrire nous plonge de plein fouet dans les années 70. On respirait presque le parfum du papier, de l’encre et du bois.
Le tout nous donne l’envie pressante de nous caler dans notre fauteuil préféré pour se délecte de l’œuvre de Christiane Rochefort qui aborde avec force des thèmes toujours d’actualité vingt ans après sa disparition : l’émancipation des femmes, la sexualité libre, les ravages de l’urbanisme, l’écologie, l’inceste… Juste avant, allez donc au Théâtre des Déchargeurs découvrir ce spectacle plein de charme. Vous m’en direz des nouvelles. Rien que des belles. Promis. ♦
Le regard d’Isabelle
Théâtre Les Déchargeurs, 3 rue des déchargeurs – 75001 Paris
Tous les lundis à 19h.
Du 13 janvier au 27 avril 2020. Relâche les 3 février, 2 mars et 6 avril.
Durée : 1h15